Catégorie : Anecdotes, récits...
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Ce majestueux platane, maintenant disparu, qui se trouvait dans l'enceinte du palais de Topkapi à Istanbul, fut le témoin d'évènements tragiques : une révolte des janissaires et des sipahis en 1656 et le massacre des mêmes janissaires en 1826.

Sur cette carte postale colorisée envoyée en 1904, on voit cinq personnages dont l'un est dans le tronc de l'arbre.

Extrait de Émile Isambert, Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l'Orient, Première partie : Grèce et Turquie d'Europe. Collection des guides Joanne, Paris, Hachette, 1873

"Franchissant de nouveau cette porte, on rentre dans une vaste cour, qui comprend les bâtiments de la Monnaie, l'ancienne église de Sainte-Irène, le fameux platane des Janissaires, et se termine à la seconde porte du Séraï, nommée Orta-Kapoussi.

Laissant de côté la Monnaie (Zarb Hané) et l'église de Saint-Irène, sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure en détail, nous nous dirigerons vers le nord de la grande cour, et près de la porte Orta-Kapoussi, où se trouve le Platane des Janissaires, arbre énorme dont dix ou quinze hommes embrasseraient à peine le tronc, creusé par les feux des janissaires. A l'angle de la place, presque en face de ce platane, on montre deux tronçons de colonne fichés en terre, qui servaient à décapiter les vizirs coupables."

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Extrait de Baptistin Poujoulat, Voyage à Constantinople, Paris, Victor Sarlit, 1860

"Nous avons vu sur la place de l’At-Méîdan un platane séculaire autour duquel furent amoncelés les cadavres des janissaires dans la journée du 16 juin 1826. Dans une sédition populaire en 1656, des têtes des vizirs et de pachas avaient été coupées et attachées aux branches de cet arbre gigantesque. Un écrivain turc [Esaad etfendi, Histoire de la destruction des janissaires] l’a comparé, à cause de ce souvenir, à l’arbre fabuleux de l’Inde dont les fruits étaient des têtes de morts. Chaque fois que le vent agitait ses rameaux funéraires, ces têtes faisaient entendre des cris et des grincements de dents. Maintenant dans le silence de la nuit la superstition musulmane croit entendre parfois des plaintes, des gémissements mystérieux venant du côté du grand platane de l’At-Méidan."

Le photographe turc Pascal Sébah  (1823-1886) photographia aussi cet arbre : http://www.purl.org/yoolib/inha/8828

Ainsi que l'agence Roll en 1915 : Arbre des Janissaires [personnes au pied d'une échelle appuyée sur une branche], BnF, Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69338523