Catégorie : Biographies de personnages historiques
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Otto  Liman von Sanders (1855-1929), un aristocrate prussien gagna ses galons dans l'armée avant de faire partie d'une mission militaire dans l'empire Ottoman en 1913 et de devenir conseiller militaire. 

Enver Pacha lui confie, en 1915, la 5e armée pour défendre la capitale ottomane et les Dardanelles. Sanders nomme alors Mustafa Kemal à la  tête de la 19e division qui repousse les nombreux assauts des alliés.

En 1918, il prend la tête d'une armée ottomane en Palestine, mais il est défait et doit s'enfuir. Il se réfugie à Istanbul où il est arrêté et emmené à Malte par les alliés victorieux qui le libèrent en 1919.

La même année, il est mis à la retraite et il publie, en 1920, ses mémoires qui seront traduites en Français en 1923 sous le titre "Cinq ans de Turquie".

Carte postale envoyée d'Istanbul en 1915, portant le cachet de la censure.
Verso de la carte postal avec la légende :"Balkansichtskarten des kolonial-kriegerdank E. B. Berlin W. 35",
avec le portrait de Liman von Sanders. 
Au verso : Anadolu Hisari peint par le prof. W. Stöwer

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Voici ce qu'écrit la presse turque le jour de sa mort  (extrait de "Bulletin périodique de la presse turque", Paris, Ministère des affaires étrangères, 1929) :

"Le Djumhouriet [Cumhuriyet] du 27-8 publie, avec le portrait en uniforme turc du général Liman von Sanders, la note suivante : « Nous avons donné, dans notre numéro d'hier, la dépêche, datée de Munich, et nous annonçant. la mort du général Liman von Sanders pacha.

Liman Pacha était le président de la mission militaire allemande arrivée en Turquie après la guerre balkanique pour réformer l'armée. Il commanda la 5e armée aux Dardanelles et succéda, dans la suite au général de Falkenstein sur le front de Palestine. Il est l'auteur de l'ouvrage Cinq années en Turquie, où il ne put se retenir, d'être partIal en disant que la plupart des victoires de la Turquie étaient l'oeuvre des Allemands. »

Plus indulgente, la Milliet [Milliyet] du 2-9 rappelle les services rendus par le général à l'armée turque, et l'hommage du Gâzi à sa courtoisie."

Compte-rendu de son ouvrage dans la "Revue des sciences politiques", 1923 par Jean Vergeot :
"Liman von Sanders, Général de Cavalerie. Cinq ans de Turquie. Traduction du Commandant Mabille. Paris, Payot, 1923, 1 vol. in-8° de 378 p., avec 16 cartes dans le texte.

Dans ses souvenirs, le Général Von Sanders rapporte, sur les opérations militaires en Orient, des renseignements de première main et de premier ordre. En thèse générale, il reproche à l'Allemagne et à la Turquie elle-même, de n'avoir pas su proportionner ses objectifs à ses moyens. La défense de ses frontières, la garde des Détroits, étaient pour ses épaules une tâche déjà lourde. Au lieu de s'y borner, elle a entrepris de conquérir l'Égypte; elle a lancé au Caucase des offensives injustifiables ; elle a prétendu soulever la Perse, menacer les Indes ; elle a même consenti à l'envoi de troupes sur les fronts européens. A une telle dispersion, les forces turques s'épuisèrent. Gaspillage des effectifs, désertions en masse, dépréciation de la valeur combative, autant de fruits inévitables d'une pareille méthode. Von Sanders la critique sans ménagement et, semble-t-il, sans gêne ; il y montre une remarquable liberté de jugement ; il s'en prend tour à tour à l'orgueil d'Enver Pacha, aux illusions de Guillaume II, à l'insuffisance des officiers allemands détachés au quartier général turc. A vrai dire, il laisse transparaître une certaine rancoeur de n'avoir pas été toujours consulté et rarement écouté ; peut-être se soucie-t-il aussi de rejeter sur ses prédécesseurs la responsabilité de l'effondrement final de Palestine, subi sous son commandement effectif. On est d'autant plus tenté de l'en soupçonner, que sa critique demeure, négative ; nulle part, il ne nous dit ses conceptions, s'il avait pu les imposer. Tout au plus préconise-t-il incidemment un débarquement entre Odessa et Ackermann (p. 35).

Il importe peu d'ailleurs de savoir à quel sentiment il obéit ; l'essentiel est qu'il soit impartial dans son exposé des faits. A cet égard, son objectivité, son exactitude font de ses souvenirs le meilleur compte rendu de cette tranche de la guerre mondiale.

Son récit est également semé de remarques, de renseignements, dont l'intérêt politique n'est, pas négligeable par exemple, sur l'objet de la Mission militaire allemande en 1913 (p. 10), sur les projets secrets d'alliance germano-turque, avant la guerre (p. 31), sur les massacres arméniens (p. 186). A noter cette phrase sur la « courtisanerie » allemande vis-à-vis des Turcs « Une certaine réserve nous aurait valu plus de considération et d'estime. »"