Mustafa Asım Turgut ou Mustafa Asım Bey (1869-1937) est un diplomate turc qui occupa différents postes, dont celui de ministre des affaire étrangères, à la fin de l’empire ottoman et au début de la république.

Né le 24 Şaban 1286 (4 décembre 1869)*, il est le petit-fils du côté de son père d’un érudit religieux et du côté de sa mère d’un şeyhülislam. Il étudia, entre autres, au lycée impérial de Galatasaray et parlait le Français et l’Allemand. Dès 1887, il entra dans l’administration et à la Direction des affaires consulaires (Umûr-ı Şehbenderî Kalemi ). Il occupa ensuite différents postes de diplomate : consul général à Budapest en 1888,  premier secrétaire de l'ambassade de Belgrade en 1897, premier secrétaire à l'ambassade de Berlin en 1901, conseiller à l’ambassade de Turquie à Vienne (1904), chargé d’affaires à Stockholm (juillet 1908- février 1909), puis le premier ambassadeur de Turquie en Bulgarie devenue indépendante (juin 1909- octobre 1911).

* Certaines sources donnent 1870 sans justification.

 


Il fut ministre des affaires étrangères (Hariciye Nazırı) sur une période courte, d’octobre 1911 à  juillet 1912. Pendant cette période, il dut gérer la guerre avec l’Italie en Tripolitaine.

Pendant la Première guerre mondiale, il fut ambassadeur à  Téhéran de janvier 1914 à février 1916 et quelque peu malmené, comme on le verra ci-dessous dans un des textes extraits de la presse française.

Il vit à Vienne en Autriche entre 1916 et 1931 (mais on ne connaît pas bien ses activités et il n'est plus mentionné dans la presse française). Il rentre en Turquie et prend le nom de famille de Turgut.

C’était aussi un chasseur et un sportif dont les enfants suivirent les traces : son fils Timur Turgut fut champion de voile et sa fille Leyla Turgut (1911-1988),  par ailleurs première femme architecte du Département d’Architecture de l’Académie des Beaux-Arts, fut championne de natation.

La photographie, un tirage albuminé 14 x 11 cm contrecollé sur carton, date probablement de 1911. C’est une photographie officielle du célèbre studio Phébus installé à Constantinople/Istanbul, qui fut transmise à des agences comme Trampus à Paris. La photographie est légendée au verso : “Le nouveau ministère turc.- Assim Bey, ministre des affaires étrangères.”

Extraits de la presse française sur Mustafa Asım Turgut

Mustafa Asım Turgut est nommé Assim-Bey, avec ou sans tiret.

1889
Echos et bruit. - Un fait peut-être unique dans les annales diplomatiques tient de se produire  Buda-Pesth. Le consul général de Turquie, Munir-Bey, étant mort en laissant de nombreuses dettes, les créanciers ont fait saisir son cadavre à la gare au moment où l’on se préparait à le transporter à Constantinople. Le corps a été mis sous scellés et déposé à la morgue de Pesth. Il est resté neuf jours ; le nouveau consul général de Turquie, Assim-Bey, après avoir vainement demandé des instructions et de l’argent à Constantinople, s’est décidé à mettre lui-même fin à l’incident en prélevant sur sa cassette la somme nécessaire pour obtenir le transport en Turquie. (La Défense quotidienne, 18 janvier 1889)

1891
Consulat à Pesth (Annuaire oriental (ancien Indicateur oriental) du commerce, de  l'industrie, de l'administration et de la magistrature... 10e année,  1891..)

1898
Henri bey a été nommé premier secrétaire de la légation de Turquie à  Athènes, et Assim bey, consul général de Turquie à Nisch, premier  secrétaire de la légation de Turquie à Athènes. (La Diplomatie : revue bi-mensuelle internationale, 12 juin 1898)

1895
Assim bey, consul-général ottoman à Budapest, vient d'être frappé  dans ses plus chères affections. Il a eu la douleur de perdre sa femme  décédée le 24 février à Constantinople, à la suite d'une longue et  douloureuse maladie. Nous présentons à Assim bey nos plus sincères  sentiments de condoléance. (La Revue d'Orient et de Hongrie, 5 mars 1895)

1897
Départ d’Assim beyOn télégraphie. Assim-bey, ambassadeur de Tuquie est parti. (Akhbar : journal de l'Algérie, 20 avril 1897)

1904
Turquie. A été nommé conseiller à l’ambassade de Turquie à Vienne, Assim bey, premier secrétaire de la même ambassade (La revue diplomatique, 19 juillet 1904)

1909
Le 19 juin, Assim bey, chargé d'affaires à Stockholm, a été nommé ambassadeur de Turquie à la cour de Bulgarie. (Correspondance d'Orient : revue économique, politique & littéraire, 1er juillet 1909)

1909
Remise de lettres de créance : Sofia, 22 septembre.. Le ministre de Turquie, Assim bey, et celui de France, M. Paléologue ont remis un roi Ferdinand leurs lettres de créance. Voici les passages saillants du discours prononcé à cette occasion par Assim bey : « Les intérêts politiques et économiques de l'empire ottoman et du royaume de Bulgarie concordent sur bien des points. Mes instructions me prescrivent de consacrer tous mes efforts au développement constant de ees intérêts, eu me laissant guider par le désir manifeste que tant Sa Majesté l'Empereur des Ottomans que Son gouvernement ont à cœur d'asseoir les relations entre les deux pays sur une base de mutuelle confiance et de parfaite concorde. » Le roi a répondu en disant notamment ce qui suit : « Il m'est agréable de vous voir constater l'identité des intérêts politiques et économiques de l'Empire ottoman avec ceux du royaume de Bulgarie. Je suis, moi aussi, convaincu que nos deux pays n'auront qu'à gagner si leurs relations sont toujours basées sur une mutuelle confiance et une parfaite concorde. C'est avec le plus vif plaisir que je verrai, ainsi que mon gouvernement, se resserrer les multiples liens qui unissent la Bulgarie et la Turquie. »  (Le Moniteur des consulats et du commerce international, 7 octobre 1909)

1911
Le poste de ministre à Sofia, vacant par l'appel de S. E. Assim bey à la direction de la politique extérieure de l'Empire, serait confié à Nabi bey, ex-ministre à Athènes. Ce sera donc à Nabi bey de seconder le nouveau ministre des affaires étrangères ottoman dans la tâche de la consolidation des relations turco-bulgares. (La Constitution, Constantinople, 23 octobre 1911)

1912
De  son côté, Assim bey, ministre des Affaires étrangères ottoman,  déclarait quelques jours plus tard, dans une interview accordée à un  rédacteur du Sabah, que jamais les puissances n'entreprendraient  d'obliger la Turquie à accepter un traité la démembrant, et que jamais  la Turquie n'engagerait de pourparlers basés sur l'annexion de la Tripolitaine et le retrait des troupes ottomanes, mais qu'elle  demanderait au contraire l'évacuation par les troupes italiennes et une  indemnité de guerre. Telle est, aux points de vue militaire et diplomatique, la situation réciproque de la Turquie et de l'Italie. (Correspondance d'Orient : revue économique, politique & littéraire, 1er avril 1912)

1912
Dans son discours du 15 juillet, à la Chambre ottomane, l'ancien  ministre des Affaires étrangères Assim bey disait : « On croyait que la  guerre finirait en quinze jours et nous résistons depuis dix mois. » Il est vrai ; la résistance ottomane force l'admiration de tous ; mais  tout le monde estime que cette guerre sans issue n'a que trop duré. Le  ministre disait encore : « L'ennemi ne peut pas nous vaincre. » Et cela est vrai aussi. Le raid italien dans la nuit du 18 juillet où quelques  torpilleurs s'avancèrent vers les Dardanelles l'a prouvé une fois de  plus. (Correspondance d'Orient : revue économique, politique & littéraire, 1er août 1912)

1912
Palais Incendié à Constantinople. Le ministère des affaires étrangères détruit
Constantinople, 29 mars, Un incendie considérable qui a éclaté hier soir vers six heures a complètement détruit te palais qui servit de résidence au ministre des affaire étrangères.
La nouvelle aussitôt téléphonée est parvenue aux ministres pendant une séance au conseil et a provoqué une vive émotion. Les ministres se sont fendus, aussitôt sur le lieu du sinistre. Pendant ce temps, le feu gagnait rapidement. Une foule immense contemplait l'incendie. Vers 7 heures, il ne subsistait plus que le rez-de-chaussée. Cependant à 10 heures, des flammes léchaient encore les décombres du palais.
Ce magnifique édifice n'était éloigné que de quelques pas de l'ambassade allemande qui n'a toutefois souffert en rien.
Le feu, dû à un accident, a éclaté dans une chambre au dernier étage pendant l'absence de la domesticité.
On ne signale aucun accident de personnes; La femme du ministre, une Hongroise, s'est enfuie à l'ambassade d'Allemagne où ce qu'on a pu sauver eu mobilier d'été transporté. L'édifice, propriété de l'Etat, était assuré pour 15,000 livres turques.
La plupart des représentants des puissances ont rendu visite au ministre et lui ont exprimé leurs regrets,
Constantinople, 29 mars. Assim bey et sa femme ont passé la nuit à l'ambassade d'Allemagne. Une partie du mobilier d'Assim bey, qui n'était pas assuré, est détruit. Les bijoux de la femme d'Assim-bey et des tapis de prix ont été mis en sûreté par des marins allemands. La bibliothèque et de la vaisselle de grande valeur ont été sauvés. (La Presse, 30 mars 1912)

1916
TEHERAN. — Près de Kérédje, une patrouille de cosaques a arrêté quatre Européens qui ont été reconnus pour être l'ambassadeur de Turquie à Téhéran, Assim bey, l’attaché militaire d'Autriche et deux Autrichiens prisonniers de guerre des Russes qui avaient réussi à s’évader. (Havas). (Les Nouvelles, journal quotidien du soir, 12 février 1916)

1916
Téhéran, 21 février, — L'ambassadeur de Turquie étant encore à Téhéran avait demandé un laissez-passer pour traverser les localités occupées par les troupes russes, sa flemme et ses enfants se trouvant à Ispahan. Pour obtenir le consentement de la Russie à ce sujet, Assim bey avait demandé à La légation d'Allemagne à Téhéran la mise en liberté des Anglais capturés par les agents allemands, à Chiraz, mais les Allemands ont repoussé cette demande de l'ambassadeur turc. Les autorités militaires russes avant un autre point de vue que l'Allemagne, relativement aux moyens de lutte admissibles et laissant aux Allemands le monopole de l'extension des rigueurs de La guerre aux femmes et aux enfants, ont donné l'autorisation du libre passage en dehors d'Ispahan, à la famille d'Assim bey.

Aujourd'hui même, le ministre d'Espagne, M. de Romero, est parti de Téhéran pour Ispahan : il va conduire la famille de l'ambassadeur jusqu'à Enzoli, d’où elle continuera avec Assim bey sa route pour la Suède en passant par la Russie (Agence Havas). (L'Homme enchaîné, journal quotidien du matin, 22 février 1916)

Sources

  • Serkut Alparslan, Meşrutiyet Dönemi Hariciye Nazırlarından Asım Bey’in (Mustafa Asım Turgut) Osmanlı/Türk Diplomasisindeki Yeri (1908-1918), Yüksek Lisans Tezi, Dokuz Eylül Üniversitesi, Sosyal Bilimler Enstitüsü, Tarih Anabilim Dalı, Tarih Programı, Izmir, 2018 : thèse sur le rôle de Mustafa Asım Turgut dans la diplomatie turque, en Turc, avec une biographie et reproductions de documents dont certains en Français
  • Temizer, Abidin, The Independence Process of Bulgaria and the First Ambassador of the Ottoman Empire to Sofia, Mustafa Asım Bey, https://belleten.gov.tr/tam-metin/3675/eng, 10.37879/belleten.2021.1073 :  en Anglais, avec une biographie
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