Dans la droite ligne du projet de William Eton dans son Tableau historique, politique et moderne de l'Empire ottoman, ce chapitre est une violente diatribe anti-musulmane et anti-turque, souvent sans grand intérêt et avec des erreurs étonnantes : Eton parle de gouvernement turc à l’époque du Prophète Mahomet ! Quelques observations cependant sont plus objectives, sur l’organisation de l’état ottoman, la place de la religion, la propriété etc

[Nous avons ajouté les intertitres.]


CHAPITRE PREMIER.

Sur le Gouvernement de la Turquie.

Indiquer les rapports d’un pays avec ses voisins ou avec les intérêts généraux de la société, ce n'est peut-être pas une tâche bien difficile. Les traits caractéristiques sont frappans, les différences morales et physiques aisées à saisir, et les règles générales de la politique suffisent peut-être pour nous faire toucher droit au but. Mais si nous voulons pénétrer les causes plus particulières et moins perceptibles, qui, par des circonstances intérieures, affectent la prospérité ou la décadence d'une nation, nous trouvons un problème bien plus embarrassant, et une solution plus vague et plus douteuse. Néanmoins, sans la connaissance de ces causes, il est impossible de former aucun système important de politique ou de morale ; il est impossible de raisonner avec justesse sur les grands intérêts des nations, ni de former aucun plan vaste, qui embrasse en entier les avantages généraux de la société. Ce qui est également incontestable, c'est que les causes internes sont toujours le plus immédiatement agissantes dans l'élévation ou la décadence des empires. Si, d'un côté, aucun état faible ne s'est élevé à un degré extraordinaire par le seul secours de ses alliés, quelque puissans qu'ils fussent ; de l'autre, il est peu de nations considérables qui aient péri par des aggressions extérieures, à moins qu'elles n'aient eu en elles des principes vicieux qui ont agi de concert avec cette cause. D'après ces considérations, j'examinerai la puissance ottomane dans ses rapports avec le système général de l'Europe, ainsi qu'avec les divers états qui s'y trouvent, et je ferai marcher cet examen avec celui de sa situation intérieure.

Si l'on réfléchit à la nature de l'homme, à l'étendue et à la variété de ses facultés, on se convaincra que les causes qui agissent simultanément sur lui, sont extrêmement compliquées et distinctes les unes des autres. Le progrès de la civilisation provoque de jour en jour le développement de facultés nouvelles, qui, se modifiant mutuellement, produisent cette puissance active et réagissante, sur laquelle repose la vaste machine sociale. Analyser cette action variée des facultés humaines, les réduire à leurs principes primitifs et élémentaires, tel est l'objet de la science. Malheureusement il n'est pas rare de voir les philosophes, séduits par cette analyse, faite d'ailleurs avec exactitude, élever sur cette base les systèmes les plus déraisonnables et les plus faux. L'erreur ordinaire où ils tombent (erreur qui, pour le dire en passant, a jeté bien injustement sans doute de la défaveur sur toutes les spéculations scientifiques), c'est d'imaginer que des divisions théoriques, établies par eux-mêmes, sont fortement prononcées dans la nature ou, en d'autres termes, que les mœurs et les habitudes du genre humain sont moins intimement mélangées qu'elles ne le sont en effet. Ainsi, en remontant aux causes diverses d'où dérivent l'état et le caractère particulier de la nation turque, nous aurons soin de ne pas oublier que les événemens produits par ces causes, sont tellement combinés et confondus, et qu'ils agissent aujourd'hui avec une telle réunion de force, qu'il résulte de bien plus grands effets de cette combinaison, que si ces causes opéraient séparément. Ces observations nous ont paru devoir précéder le tableau du gouvernement de la Turquie : maintenant nous entrons en matière.

L'Européen moderne, accoutumé en général à regarder tous les sujets d'un même empire comme ayant des droits égaux à la protection du gouvernement, comme également investis des droits politiques de citoyen [sic], ne voit pas sans répugnance un état de choses, résultant de la division du corps politique, en vainqueurs et en vaincus, en oppresseurs et en opprimés. Telle est pourtant la première distinction qui frappe, lorsque l'on examine le gouvernement turc, distinction étayée de tous les genres de préjugés propres à influer sur les mœurs, confirmée par l'habitude et consacrée par le tems. Cette élévation d'une fraction du corps social sur l'abaissement de l'autre, n'a pas été étrangère aux anciens gouvernemens, si vantés de nos jours. Nous en voyons un exemple dans les Ilotes parmi les Spartiates, et dans les institutions de divers peuples qui ont le plus exalté leur liberté imaginaire. Heureusement pour les Européens modernes, ce système a presque par-tout fait place à l'égalité politique : mais la Turquie est encore l'asyle de la fanatique ignorance : c'est là qu'elle déploie encore ses bannières sanglantes, et le tems n'a fait que ralentir ses excès, sans pouvoir lui arracher son sceptre de fer. Cette heureuse union, cette égalité de droits a la protection des loix, qui subordonne la variété des intérêts individuels à l'intérêt commun, sont la base unique du bonheur social. A l'effet de juger jusqu'à quel point la non-application de ces principes dans le gouvernement de la Turquie affaiblit le pouvoir du corps politique, en même-tems qu'elle perpétue la misère individuelle, nous allons procéder à un examen comparatif des différentes sectes qui existent dans ce pays, ainsi qu'à celui de l'état de ses diverses provinces. Les Turcs, proprement dits, professent la religion de Mahomet. Descendus des Tartares qui ont conquis les belles contrées dont ils sont maintenant possesseurs, étant les seuls qui paraissent y avoir un intérêt réel, leur situation morale et physique doit être le premier objet de nos recherches. Ce qui les caractérise et les distingue des autres habitans de ce grand empire, c'est la supériorité qu'ils réclament en raison de leur religion et du droit de conquête. Il paraîtrait peut-être absurde d'appliquer à une nation aussi barbare que le sont les Turcs, aucune des règles émanées du droit des gens. Mais l'observateur éclairé doit remarquer que le prétendu droit de conquête n'est rien que le droit de la force, et que ce droit ne devient légitime qu'autant que la justice le sanctionne. L'histoire du monde offre de fréquens exemples de grandes nations, qui, après avoir subjugué leurs ennemis, ont reçu des vaincus le joug consolant des lumières et des sciences ; ainsi, comme le dit Horace :

 Grœscia capta ferura victorem cepit, et artes 

Intulit agresti latio. 

Il y a aussi des exemples de l'introduction des arts chez un peuple soumis, par le conquérant lui-même, qui expiait les ravages de la guerre par les bienfaits de la civilisation. Les Turcs, dévastateurs barbares, envahirent la Grèce, et firent disparaître les antiques et respectables monumens des sciences. Aujourd'hui encore ils tiennent leurs vaincus sous le joug de l'ignorance et de l'esclavage. Au lieu d'assurer l'avantage mutuel des deux nations par un échange de connaissance et de bienveillance réciproque, ils n'usent de leur victoire, que pour l'extinction de toute lumière. Un conquérant habile augmente son pouvoir, en augmentant le bonheur de ses nouveaux sujets ; un guerrier barbare affaiblit ses ressources par l'oppression continuelle des peuples qu'il a vaincus. Abderaxman (ou Almanzor), qui, vers le milieu du huitième siècle, fonda en Espagne un royaume, qu'il forma des provinces antérieurement soumises aux califs, encouragea les mariages entre les chrétiens et les mahométans. Les Arabes qui avaient été d'aussi grands ennemis des sciences que le sont les Turcs, les cultivaient alors avec beaucoup de succès de sorte qu'ils étaient parvenus à un degré remarquable de connaissances et de civilisation, tandis que le reste de l'Europe croupissait honteusement dans la barbarie et dans l'ignorance. Mais ce n'est pas seulement comme son vainqueur, que le fier Musulman se croit supérieur au Grec son esclave. Il se regarde sur-tout comme le favori du ciel ; et c'est aux suggestions de sa religion arrogante et farouche, qu'il faut attribuer en grande partie sa férocité. En vain les apologistes de la Turquie voudraient nous persuader que le disciple du sanguinaire Mahomet chérit la tolérance. Chaque trait de son caractère, chacune de ses habitudes particulières, comme de ses institutions politiques, déposent contre cette assertion. Nous n'en sommes plus à apprendre que le caractère de l'homme dépend de son éducation, et que les institutions politiques en forment une branche des plus importantes. S'il était possible de douter de la vérité de ce principe, ce qui se passe en Turquie en fournirait des preuves à l'abri de toute objection. En effet, c'est là, plus que dans tout autre pays, que les dogmes du législateur et du pontife sont mis continuellement sous les yeux des individus de tout âge ; que ces dogmes influent sur tous les rangs, sur toutes les situations de la vie ; qu'ils agissent avec d'autant plus de force, qu'ils sont réunis dans un seul et même code. Telles sont les observations que suggère au premier coup-d'œil le caractère du Musulman. Pour en saisir les nuances individuelles, nous avons à examiner les diverses causes morales et physiques dont l'influence est ou immédiate ou éloignée, nous rappelant toujours qu'elles ne doivent pas être considérées comme des causes isolément agissantes, mais bien en tant qu'elles opèrent avec cette force réciproque et combinée qui augmente si prodigieusement leurs effets. Les causes locales et matérielles qui contribuent à l'élévation comme à la chûte, à la force comme à la faiblesse des états, sont le climat, la situation, les productions et la population : mais ces causes sont en partie, ou tout-à-la-fois soumises à l'action des facultés intellectuelles, qu'elles-mêmes prennent la direction particulière que leur tracent les institutions politiques et religieuses, les événemens historiques, les arts et les sciences, et enfin ces habitudes ou mœurs générales, qui sont le résultat de toutes les autres causes combinées.

Je m'attacherai d'abord au développement des causes morales ; et leurs actions serviront à expliquer les phénomènes naturels que présente l'état actuel de la Turquie.

[Poids de la religion]

La religion des Turcs est peut-être le principe prédominant qui, plus que tous les autres, détermine leur caractère. Mais comme le pouvoir qu'elle exerce sous ce rapport, est principalement la force qu'elle tire des principes du gouvernement, et que mon intention n'est pas d'entrer dans des recherches métaphysiques sur un système dont l'absurdité est suffisamment prouvée, je considérerai cet objet comme dépendant des institutions politiques, et comme celui conséquemment qui doit fixer le premier l'attention.

Le gouvernement d'un état est un ressort toujours en action, un moteur continuellement agissant, qui détermine le caractère des individus, et dirige les opérations de tout le corps social. Si nous voulons connaître l'état moral de la Turquie, si nous voulons apprécier avec justesse ses ressources intérieures, soit comme une ennemie, soit comme une alliée, les notions que nous avons à recueillir doivent se régler sur le degré de perfection ou d'erreurs qui se fait remarquer dans son état politique.

[Religion et despotisme]

On a beaucoup écrit, les uns pour prouver le despotisme du gouvernement turc, d'autres pour contredire cette assertion. Les raisonnemens les plus abstraits et les plus sophistiques ont été mis en avant, moins pour établir l'authenticité des faits, que pour confondre la signification des termes. Mais si, par despotisme, on entend un pouvoir qui doit son origine à la force et que la force maintient, un pouvoir qui dédaigne de régler ses actes sur les principes de la raison, et qui ne souffre pas qu'on les soumette à l'examen ; qui tend à étouffer l'énergie de l'esprit humain et à anéantir les facultés de l'homme pour mieux assurer sa dépendance ; certes, le gouvernement turc mérite cette qualification. Tout pouvoir permanent qui s'exerce sur une grande association, doit avoir un autre appui que le droit de la force ; ou plutôt cette force doit reposer en dernière analyse sur l'opinion populaire. C'est donc en vain que l'on objecte que le despotisme du Sultan ne s'étend point au-delà des limites que lui a tracées la superstition du peuple : c'est cette superstition même qui lui sert de base ; et plus les préjugés religieux sont profondément enracinés, plus le despotisme qui en émane est terrible.

[Brève histoire des pouvoirs dans le monde islamique]

Les discussions sur le caractère particulier de ce despotisme ne sont pas moins fertiles. Les uns l'ont appelé un gouvernement militaire, d'après la nature de son origine et les moyens fréquemment employés dans son administration ; d'autres prétendent que c'est un gouvernement théocratique parce que le coran en est le code fondamental. Chacune de ces dénominations a quelque chose d'inexact. Un gouvernement militaire suppose l'exécution des volontés d'un chef arbitraire, une obéissance aveugle dans chacun des sujets, et une punition prompte et inévitable pour le moindre délit ou la moindre négligence. Ce gouvernement exclut toute espèce de délais et de formalités : le pouvoir militaire constitue sa force. Dans la théocratie, le chef n'a pas, ou du moins prétend ne point avoir la direction de l'état : il n'est lui-même qu'un instrument dans les mains d'un être supérieur, communiquant au peuple, à divers intervalles et quand l'occasion l'exige, les ordres de la divinité. Le gouvernement de la Turquie, vu le caractère de son fondateur, est sans doute, à certains égards, à-la-fois militaire et théocratique ; mais sous d'autres rapports, c'est un être à part, une monstruosité parmi les diverses espèces de despotisme. On peut distinguer trois époques où ce gouvernement a présenté des nuances différentes. Tant que vécut Mahomet, qui, semblable à Moïse et à Josué parmi les juifs, se montra sous le double caractère d'un chef militaire et d'un législateur inspiré, le gouvernement turc était une sorte de théocratie ; voilà la première époque. Ensuite vinrent les califs sarrasins, successeurs immédiats du prophète : quoiqu'ils fussent investis de la puissance spirituelle et temporelle, comme ils ne prétendaient pas à une communication personnelle avec le Très-Haut, l'honneur d'être issu de Mahomet, celui d'être les gardiens de ses loix et de les faire exécuter, formaient toute la sainteté de leur caractère. Enfin, le gouvernement de la Turquie s'est encore modifié pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. Comme les deux autres, il a un code inviolable dans les livres sacrés de sa religion : comme eux, il repose sur la force, et les formes de son administration sont militaires ; mais ce qui le distingue essentiellement, c'est la division des autorités temporelles et spirituelles. Cette division de pouvoir est due à l'impolitique des princes ottomans, qui, n'aspirant qu'à la gloire militaire, et à dessein peut-être de jeter un voile sur leur usurpation, ne s'arrogèrent point toutes les fonctions du califat, qu'ils avaient supprimé, et confièrent à des prêtres la suprématie spirituelle. S'il fut jamais un despotisme profondément combiné, c'est celui qui, tenant à-la-fois le sceptre temporel et spirituel, formait du fanatisme même un instrument de la souveraineté, et rendait le même homme l'organe du Très-Haut et le dépositaire de sa puissance. Il convient d'observer aussi qu'à l'époque où le pouvoir des califs commença à chanceler, d'autres princes, outre ceux de la race d'Othman, s'arrogèrent une autorité indépendante. Il est probable que la plupart de ces nouveaux souverains, affectant une modération qu'ils jugeaient utile à leurs intérêts confièrent aux prêtres l'administration des affaires spirituelles. Telle fut l'origine du pouvoir qu'obtint l’Ulema, ou corps des légistes, ainsi que leur chef, ou grand-prêtre, dénommé le Mufti, à qui appartient l'interprétation de la loi mahométane dans toutes ses parties. Ces hommes étant, comme les prêtres sous la théocratie des juifs, les interprètes de la loi et de la religion, non-seulement réunissent dans leurs mains le pouvoir de deux grandes corporations bien distinctes, et participent aussi, avec le souverain, â l'exercice direct de la puissance législative, exécutive et judiciaire. Il y avait des muftis avant l'époque où régnèrent les princes ottomans ; mais leur pouvoir, sans aucune attribution politique, était purement judiciaire, comme celui des muftis, qui, dans les diverses provinces de l'empire, remplissent à-peu-près les fonctions de cadi ou de juge : car il ne faut pas perdre de vue qu'en Turquie les attributions judiciaires et sacerdotales se confondent ; le même homme est à-la-fois juge et prêtre. Le levier principal de cette hiérarchie est le fetva [fatwa] du mufti, espèce de manifeste qui, émané de la puissance ecclésiastique, comme les bulles du pontife romain, a servi la politique dans les circonstances les plus importantes.

Les califs, à dessein d'obtenir de leurs sujets une prompte obéissance, étaient dans l'usage de donner aux principaux actes du gouvernement la sanction de la religion, en apposant le sceau sacré à ces actes, tels que ceux concernant la paix ou la guerre. Sous les auspices de cet emblème religieux, les vrais croyans marchaient aux combats pour soutenir l'honneur de la foi, ou s'assurer la palme du martyre. Les princes ottomans ne purent arriver an même but, qu'à l'aide de la puissance spirituelle qu'ils avaient établie. De-là vient qu'à chaque acte émané du gouvernement, le mufti, d'après l'avis des chefs de l’Ulema, rend l'ordonnance sacrée, dénommée fetva, qui déclare cet acte conforme au coran, et obligatoire pour tous les fidèles. Ce privilége était, dans l'origine, assez peu important : on peut le comparer à celui d'enregistrer les édits, qu'avaient les parlemens de France : c'était plutôt une formule judiciaire, qu'un acte législatif. Mais les prêtres entrevirent sans doute dans ce privilége le germe de leur grandeur et de leur puissance future. Tant que des princes guerriers furent à la tête de l'empire, le Sultan dictant les oracles du mufti, l'influence de l’Ulema était à peine sensible. Jusqu'au règne d'Amurat IV [Murat IV, 1612-1640], il ne paraît pas que le sacerdoce ait essayé de résister au souverain. Ge prince, l'un des plus féroces de ceux qui ont occupé le trône ottoman, irrité contre un mufti qui avait osé contrarier ses volontés, le fit piler dans un mortier. Il imagina ce genre de supplice par une ironique cruauté, afin de ménager le privilége que réclamaient les membres de l’Ulema, qu'aucune punition ne pourrait s'étendre jusqu'à l'effusion de leur sang. Cet exemple suffit pour prouver combien à cette époque la classe des prêtres avait peu de moyens de résister à un prince dont le despotisme était soutenu par la force des armés.

[Poids du clergé ottoman]

Mais dès que les sultans commencèrent à dégénérer de cet esprit militaire qui assurait leur puissance, ce qui n'avait été primitivement qu'un ressort politique dans les mains du souverain, devint une loi fondamentale de l'empire : si le pouvoir qu'elle crée et qu'elle soutient, n'est pas toujours en opposition directe avec l'autorité du prince, au moins ne cesse-t-il pas de la contrebalancer. On a beaucoup vanté cette division de pouvoirs dans les gouvernemens policés, comme favorable à la liberté publique : mais abstraction faite de notre opinion à cet égard, nous conviendrons qu'il est impossible d'appliquer ce raisonnement à l'état de la Turquie, où l'équilibre ne se montre que dans les artifices et les intrigues des deux pouvoirs, tandis que l'un et l'autre agissent de concert pour le soutien du despotisme, sans moyens, comme sans intention de contribuer à l'intérêt commun. Il est à remarquer que le Sultan serait depuis long-tems réduit à n'être que la créature et l'instrument passif du Mufti, s'il ne s'était réservé le droit de nommer et de déposer ce chef de la religion. Voilà le grand contrepoids de l'influence du pontife, en ce qu'il assure au prince autant de partisans dans l’ulema, qu'il y a d'aspirans à cette suprême dignité, l’ulema, pris collectivement, est jaloux en même tems de conserver l'ascendant qu'il s'est acquis ; de sorte que cette même religion, qui servait à consolider la puissance des premiers sultans, est devenue une source de terreurs et de sujétions pour leurs faibles successeurs. Le fetva est aujourd'hui un préalable tellement indispensable pour l'exécution des actes émanés du gouvernement, que le Sultan qui oserait ne point s'y soumettre, serait déclaré infidèle par un autre fetva du Mufti, motu proprio. Il n'en faudrait pas davantage pour soulever contre lui la populace et la soldatesque, et le précipiter de son trône. L’ulema porte la jalousie du pouvoir au point d'empêcher toujours que le Sultan ne quitte la capitale de l'empire, de peur qu'il ne parvienne à se concilier l'armée et à se soustraire à la dépendance où il le tient. Le feu sultan Mustapha, qui voulait se mettre à la tête de ses troupes, n'osa point entrer en campagne, dans la crainte que les prêtres mécontens ne profitassent de son absence pour exciter une révolte.

Une autre cause restreint en apparence la puissance du Sultan ; c'est l'autorité du grand conseil, composé des premiers officiers militaires, des chefs de l’ulema, et des principaux ministres de l'empire. Tous les actes importans du gouvernement sont discutés dans ce conseil, auquel préside le Grand-Seigneur, ou son premier Visir. Chaque question s'y décide à la pluralité des voix. Mais sa composition est telle, qu'il ne forme point par lui-même un pouvoir politique, puisqu'il est dominé, ou par le parti du Sultan, ou par celui du sacerdoce ; de sorte qu'il ne sert guère qu'à déterminer la puissance relative de l'un et de l'autre.

D'après la manière dont se choisissent les ministres d'état, on ne peut en attendre de grandes connaissances politiques. De la classe la plus abjecte, ils parviennent progressivement aux grades les plus élevés, non point par la supériorité de leur génie, mais par de basses adulations et des intrigues auprès de ceux dont ils dépendent. Le visir Yusef, qui, en 1790, commandait l’armée ottomane dans la guerre contre l'Empereur, vendait du savon dans les rues de Constantinople, quand il devint le domestique de Gazi-hassan, qui le fit nommer successivement commis dans la trésorerie de l'arsenal, son agent auprès de la Porte (Kapir-kahia ), pacha de la Morée, et enfin Grand-Visir.

[Education]

Il y a à Pera un établissement pour l'éducation de la jeunesse, que l'on appelle Galata serai [Galatasaray]. Les jeunes gens y sont classés selon leurs talens, et d'après l'état auquel on les destine. Mais cette institution a tellement dégénéré, qu'on n'y voit guère que les enfans des personnes attachées au sérail. Or, pour y obtenir un emploi quelconque, il n'est pas nécessaire d'avoir été élevé dans cette maison, tant l'éducation est comptée pour peu de chose : la corruption et l'intrigue mènent à tout. C'est ici le lieu de relever une erreur assez générale en Europe, au sujet du sérail, que l'on croit n'être que l'appartement des femmes. Le mot sérail [saray] signifie littéralement palais ; et l'on appelle ainsi le vaste édifice où résident le Grand-Seigneur, et toutes les personnes attachées à la cour. C'est là que se traitent toutes les affaires du gouvernement. Le Divan, c'est le conseil, et la Porte, l'endroit où se donnent les audiences publiques. Le Visir, en sa qualité de premier ministre, est le chef des officiers du sérail. Cette dénomination désigne un conseiller en général. Chaque Pacha à trois queues ou de première classe, est un Visir. Celui qui réside à la Porte, est appelé le Grand-Visir, ou Visir Azem. Tous les grands officiels de l'empire qui résident à Constantinople sont logés au sérail, ou au moins y exercent leurs fonctions respectives. A la mort des ministres, pachas, de tous les officiers sans exception, leurs biens appartiennent au Sultan, leur maître et leur héritier, dont on les appelle les esclaves (kul ou kool) ; de sorte que les enfans ne recueillent d'autres avantages de l'élévation de leur père, que l'occasion de se faire connaître du souverain ou d'avoir été placés dans l'école de Pera.

[Répartition des pouvoirs]

Il résulte de ce qui précède, que les pouvoirs législatif et exécutif, pour ce qui concerne les affaires majeures, se partagent entre différens corps. Celles d'un ordre subalterne, telles que les opérations militaires et de finances, méritent sous leurs rapports généraux un examen particulier et séparé. Je consacrerai un chapitre à chacun de ces deux objets ; quant à présent, je vais jeter un coup-d'œil rapide sur la police intérieure. Quoiqu'il paraisse y avoir dans le gouvernement de la Turquie, tel qu'il existe de nos jours, une distinction de pouvoir, les formes administratives, celles de la police intérieure sont purement militaires. Le Grand-Seigneur est encore censé, comme autrefois, régner au milieu de son camp. Les actes publics sont datés de l’étrier impérial ; il en est de même des autres formalités, qui sont toutes guerrières. Le gouvernement des provinces éloignées est confié à des pachas, dont le grade est militaire : le pouvoir despotique du Sultan leur est délégué à chacun d'eux. Un aperçu de l'histoire des janissaires indiquera jusqu'à quel point, indépendamment de leurs services à la guerre, ils contribuent au maintien de la police intérieure. C'est par la force .que les Turcs sont devenus les maîtres des contrées qui forment leur empire : la force seule pouvait les retenir dans la sujétion, et c'est à l'affaiblissement de l'esprit militaire qu'il faut attribuer la langueur et la désunion, qui se manifestent dans les diverses parties de ce vaste corps. Le sceptre du despotisme échappe des mains du prince qui le porte, s'il n'est pas un guerrier farouche, le fléau de son peuple, la terreur et en même-tems l'idole unique d'une obéissante soldatesque.

Tel fut long-tems le caractère des Sultans et celui des janissaires, ces dociles ministres de la tyrannie. Mais si-tôt que ceux-ci ne virent plus à leur tête un chef guerrier, la machine du gouvernement se détraqua. Le ressort qui communiquait l'action se trouva détendu, et il n'y eut plus de réaction des parties extérieures vers le centre. Alors les janissaires s'emparèrent du pouvoir dont un Sultan faible et lâche ne savait plus faire usage. Ils le déposèrent, lui donnant pour successeur un guerrier qui avait capté leur confiance. Mais bientôt la politique artificieuse du despote détruisit la puissance de ces bandes prétoriennes. La violence ou la ruse fit disparaître les plus redoutables de leurs chefs : on mit h leur place des êtres vils, exclusivement dévoués au prince. D'un autre côté, on énerva, on avilit le corps entier, en y introduisant des vagabonds de la dernière classe du peuple, des hommes attachés aux emplois les plus honteux, souillés même de crimes infâmes, et que l'on aurait autrefois chassés avec indignation, comme déshonorant le service. Les Sultans sont parvenus à éteindre jusqu'à la moindre étincelle de ce feu dont ils redoutaient l'explosion ; ils ont détruit toute l'énergie de l'esprit militaire : mais ils ont en même-tems paralysé leur propre puissance, en énervant la force qui soutient le despotisme. Beaucoup de pachas, n'ayant presque rien à redouter du ressentiment de leur maître y abusent audacieusement de leur autorité, et se révoltent fréquemment. La défection gagne de province en province ; et il ne reste guères dans ce vaste empire, qu'un fantôme d'union, une soumission apparente et dérisoire. Cependant le Grand Seigneur est, par la constitution de l'état, investi du pouvoir le plus arbitraire sur la vie de ses sujets : la justice criminelle est exercée par lui ou par ses visirs sans aucune formalité.

[La propriété]

Quant à la propriété, son pouvoir est moins étendu. Les biens de tous ses officiers lui appartiennent de plein droit, la loi le constituant leur héritier. Mais elle a mis des bornes à ses prétentions sur les possessions des autres sujets. Ce n'est pas qu'il lui soit difficile d'éluder ces restrictions. Nous aurons en effet occasion de voir que la non-garantie des propriétés est une cause majeure de l'ignorance et des vices des Turcs. Cette partie du pouvoir du Sultan est déléguée aux visirs et pachas des provinces, et dans une proportion inférieure, aux gouverneurs et officiers de différens grades. Les- prétextes, les crimes supposes ne coûtent rien pour perdre ou ruiner un individu. C'est sous ce rapport sur-tout que le gouvernement est vraiment oppresseur ; et quand le prince ou ses délégués sont tyrans, c'est le despotisme sous la forme la plus cruelle et la plus outrageante pour l'humanité.

Après avoir soumis à l'examen les pouvoirs législatif et exécutif de l'empire ottoman, il nous reste à parler du pouvoir judiciaire, qui a la religion pour base, comme les deux autres. Les distinctions que l'on observe dans l'administration de ce pouvoir, n'indiquent que trop la barbarie de son origine. Les délits contre l'état, contre l'ordre public, sont sous la juridiction exclusive du souverain, qui prononce sans être astreint aux formes judiciaires ; ces formes ne sont d'usage que pour les délits privés.

[Le Coran source du droit]

L'excellence ou le vice d'un système judiciaire dépend du code des loix, des commentaires ou des autorités admises comme motifs des jugemens, des personnes chargées de les rendre, et enfin du mode des décisions. L'alcoran est la loi fondamentale, tant civile que politique de l'état. On en a extrait un code civil, appelé Multka, auquel ont été ajoutés certains commentaires dénommés les Durer et Halebi. Il y a en outre diverses collections de fetvas, ou sentences des plus célèbres Muftis, qui renferment une masse de connaissances plus que suffisantes pour l'instruction des juges. Mais comme ils appliquent la loi à leur volonté, sans aucun égard aux décisions antérieures, plus il y a de commentaires et de compilations, plus il y a de difficultés dans les règles des jugemens, et plus leur pouvoir est arbitraire. Si les tribunaux étaient bien composés, et qu'il y eût de l'équité dans le mode des procédures, cette latitude donnée à l'interprétation de la loi, serait sans doute favorable à la cause de la justice. Mais le contraire est si notoire en Turquie, que l'iniquité des juges a passé en proverbe, et fait souvent le sujet de maintes comédies burlesques.

M. Peyssonel blâme le baron de Tott d'avoir cité plusieurs exemples de cette iniquité ; il prétend qu'on peut en trouver de semblables dans l'histoire de tous les pays. Mais on n'a pas besoin de recourir aux siècles passés, ni de chercher quelques faits particuliers, pour citer la corruption des tribunaux turcs. C'est là leur caractère distinctif, et l'expérience de tous les jours justifie la censure de M. de Tott.

[Anecdotes judiciaires]

Les cadis s'y prennent souvent avec beaucoup d'adresse, pour juger en faveur de ceux qui les ont payés. On en raconte des exemples très-plaisans, et c'est le sujet ordinaire des bouffonneries d'une espèce de comédiens qui jouent sans décorations et sans costumes, dans les cafés ou dans des maisons particulières. L'un d'eux représente le cadi, et deux autres, celui qui se plaint et celui qui se défend.

Un Arabe avait loué son chameau à un voyageur pour aller à Damas. Sur la route, il prétendait que cet animal était trop chargé, et alla s'en plaindre au cadi. Avec quoi l'a-t-il chargé ? demanda ce juge gagné par le voyageur. L'Arabe répond : Avec cahué (du café) et mahué ; c'est-à-dire avec du café, et caetera. En substituant ainsi une m à la première lettre du nom de chaque article qu'il nommait, il en résultait une expression équivoque et vulgaire, dont le sens était et caetera ; de sorte que la déposition de l'Arabe revenait à ceci : « Le chameau portait du café, et caetera du sucre, et caetera, des pots, et caetera, des sacs, et caetera : enfin, disait-il, il était chargé deux fois plus qu'il n'aurait dû l'être. — En ce cas, reprit le cadi se servant des mêmes expressions, qu'on n'y laisse que le café, le sucre, les pots et les sacs, et qu'on en ôte tout le reste ». D'après cette décision, le chameau eut la même charge qu'auparavant.

Un chrétien fut cité devant le juge, à Alep, par un shérif qui l'accusa d'avoir dans le bazar (c'est le marché) jeté par terre son turban. C'est un délit des plus graves que l'on punit de mort. Le juge était lui-même un shérif. Ceux de cette race ont en beaucoup d'endroits le privilège d'être juges dans les affaires qui concernent leur tribu. Le chrétien l'alla trouver en secret, le gagna par des présens, et lui dit que le turban du shérif était d'un vert si foncé, qu'il paraissait bleu ; qu'en conséquence il l'avait pris pour un chrétien de ses amis qui en portait de cette couleur, et à qui il avait voulu l'ôter par plaisanterie. L'accusé comparut ensuite, et l'accusateur se présenta en même-tems au tribunal, accompagné d'un grand nombre de shérifs. « Venez-vous ici en force, dit le juge en s'adressant à eux, pour demander justice, ou pour vous la faire vous-même ? si ce n'est point votre intention, il ne doit rester ici que les témoins ; et vous, chrétiens, continua-t-il, parlant à l'accusateur qui lui avait été désigné secrètement, je présume que vous êtes témoin pour l'accusé : retirez-vous ; on vous fera appeler quand il en sera tems. — Que dites-vous ? s'écria celui-ci : je suis mahométan, shérif, et, de plus, l'accusateur ! — Comment ! reprit le juge, vous êtes shérif, et vous portez un turban que j'ai pris moi-même en plein jour pour celui d'un infidèle ! L'accusé n'a-t-il pas dû s'y tromper encore davantage au milieu de la nuit ? C'est vous qui êtes coupable : vous ne devriez point rougir de porter la couleur consacrée par le prophète. » Le juge acquitta le chrétien, et condamna le shérif à la bastonnade, pour avoir porté un turban d'une couleur illégale. Sans cette tournure, il aurait été difficile de contenir le ressentiment des shérifs. Mais ces juges bravent tout, dès qu'ils sont bien payés.

Il faut convenir pourtant que s'ils violent aussi hardiment la justice, ils la rendent quelquefois avec non moins d'adresse. Pendant le visirat du fameux Kuperly [Köprülü], une vieille femme porta à un Arménien prêteur sur gages, une boîte pleine de bijoux, en apparence d'un grand prix, disant qu'ils appartenaient à une sultane qui avait besoin d'argent. L'Arménien remit la somme convenue, et garda la boîte, après que la vieille y eut apposé un cachet. A l'époque où l'argent devait être rendu, la femme ne reparaissant point, le prêteur sur gages ouvrit la boîte devant plusieurs témoins ; l'on vérifia les bijoux, ils étaient faux. La sultane n'avait confié des bijoux à personne ; l'Arménien porta sa plainte au grand-visir, qui lui ordonna d'enlever secrètement de sa boutique tout ce qu'il y avait de précieux, et d'y mettre le feu pendant la nuit, en prenant des précautions pour qu'il ne gagnât pas les bâtimens voisins. Il lui recommanda en même-tems de rester devant sa boutique, et de se plaindre à haute voix, de manière à. être entendu de tous les passans, de la perte d'une boîte renfermant des bijoux d'un grand prix. Cet ordre fut ponctuellement exécuté : quelques jours après, la vieille femme reparut, redemandant ses bijoux. On la mena de suite devant le grand-visir, qui la menaça du plus affreux supplice, si elle ne déclarait pas la vérité. Elle nomma ses complices, qui furent mis à mort, et l'Arménien recouvra son argent, sauf ce qu'il en revint au visir. Ce fait est généralement connu à Constantinople.

Les apologistes de la jurisprudence ottomane citent en sa faveur, un usage que l'on appelle « brûler la natte », par lequel tout individu, mahométan, juif ou chrétien, qui a à se plaindre de l'oppression, ou de l'injustice d'un des officiers du Sultan, peut en appeler directement à sa hautesse. Dans ces sortes d'occasions, le pétitionnaire se place près de la mosquée où se rend le Grand Seigneur, ayant sur la tête un morceau de natte allumé, et tenant en l'air sa pétition, qui est prise par l'officier chargé de la recevoir. L'excès du mal amène souvent une crise aussi violente que le mal lui-même. C'est ce qui arrive lors de ces espèces de pétitions qui indiquent toujours un grand mécontentement dans le peuple : c'est pour le Sultan un avis de prendre le suppliant sous sa protection spéciale. Ces pétitionnaires ont généralement un parti qui les met en avant, et qui a recours à cette voie, pour prévenir sa hautesse du danger qu'il y aurait de dédaigner des plaintes, qui, sans cette précaution, sont en effet presque toujours infructueuses.

Ce que nous venons de dire ne permet guères d'espérer que dans un gouvernement ainsi constitué, la réforme soit possible. En vain serait-elle tentée, même par un prince qui réunirait à de grands talens les intentions les plus patriotiques. Sous un Sultan valeureux, comme l'était Amurat IV [Murat IV], l'esprit militaire, anéanti depuis si long-tems, pourrait peut-être se ranimer, et ramener à la soumission ces pachas rebelles qui se sont rendus indépendans. Ce serait une entreprise à comparer aux travaux d'Hercule : mais la prépondérance de l'ulema en détruirait l'effet. Une corporation de prêtres opposés au souverain, dans un pays comme la Turquie, fera toujours avorter ses projets, et paralysera ses plus courageux efforts. Tant que ce corps ambitieux existera, jamais il n'y aura d'unité dans le gouvernement : mais il n'est peut-être pas un Sultan, de tous ceux qui ont régné avec le plus de vigueur, qui eût osé concevoir seulement la pensée de le détruire. Que peut-on donc attendre des princes énervés et lâches que le sérail fournit à l'empire ?

De ce que les droits du Sultan sur les propriétés individuelles ne sont pas tout-à-fait sans restriction, quelques auteurs ont prétendu que le gouvernement de la Turquie n'était pas absolument despotique. Le fait est qu'à l'égard de certaines propriétés, telles que des maisons laissées par héritage, les Grands-Seigneurs ont quelquefois pensé qu'il y aurait du danger à braver la loi, en dépouillant ouvertement les propriétaires. En ce cas, ils ont recours à un moyen plus expéditif, quand des biens excitent leur cupidité ; c'est de faire mettre à mort leurs possesseurs ; et personne ne trouve cela extraordinaire. Dans d'autres circonstances où ils ont voulu se populariser, les Sultans ont affecté du respect pour la loi. Au reste, ces restrictions, comme nous l'avons déjà observé, ne regardent point les officiers de l'empire, dont les propriétés appartiennent de plein droit à sa hautesse. Les pachas, dans les provinces, sont moins scrupuleux que le Sultan dans sa capitale.

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