Istanbul/Constantinople n’avait pas, au XIXe siècle, la réputation d’être une ville propre. Certains témoignages de visiteurs étaient même très sévères. Pourtant, dès le XVIIe siècle, le ramassage des ordures est attesté à Istanbul et dans les grandes villes de l’empire ottoman. Il dépend de fonctionnaires de l’état et non des villes. Au XVIIIe siècle, comme en témoignent des archives, ce nettoyage était payé par les propriétaires des logements et les commerçants. Cette situation évolua au XIXe siècle avec la municipalisation de ce service.

Le 13 juin 1855, est créée la Şehremaneti (municipalité) d’Istanbul, sur le modèle de la préfecture française. Ses compétences : conseiller le gouvernement sur les affaires municipales, sur différents thèmes dont le nettoyage et de collecte des ordures

A partir de 1877, les lois sur les municipalités de Vilayet permettent d’instaurer des taxes pour le nettoyage des rues et le ramassage des ordures par ce que l’on peut appeler des éboueurs. A Istanbul, les ordures sont jetées dans la mer après avoir été triées.

Le règlement de 1859 sur les rues édicte différentes règles sur la propreté. Par exemple, sur le ramassage, “il est précisé que les agents frapperont à la porte de chaque maison dans les endroits où ils passeront, et qu'à ce moment-là, les propriétaires ou les locataires seront obligés d'apporter leurs déchets dans des barils, des auges et des conteneurs et de les vider dans le chariot ou la corbeille à ordures.”

Recto du document

A partir de 1886, le Tanzifat Rüsumu (taxe de nettoyage) est perçu à l'avance à compter du mois de mars de l'année par des collecteurs :  les habitants et les commerçants doivent apposer des timbres pour chaque mois sur un formulaire qui mentionne leur nom et leur adresse.

En 1889 (4 mars 1305), un décret sur le “tanzifat rüsmu” instaure un nouveau tarif en fonction de la valeur de la propriété et précise le fonctionnement.

Selon l'article 1, les ordures de toutes les maisons, boutiques, magasins (entrepôts) et rues doivent être ramassées par des charrettes à ordures, et les ordures des endroits qui ne sont pas accessibles aux voitures doivent être ramassées par d’autres moyens. Les ordures sont ramassées par les “tanzifat amelesi” (personnel chargé du nettoyage).

L'article 2 stipule que les déchets sont collectés tôt chaque matin dans les zones densément peuplées, tandis que les déchets des zones moins peuplées sont ramassés tous les deux jours ou tous les trois jours, selon les besoins. Si des déchets ne sont pas évacués au bout de trois jours, le responsable sera le personnel chargé du nettoyage concerné.

D’après l'article 3, pour les maisons, les boutiques et les magasins vides, la taxe tanzifat ne serait pas perçue auprès du propriétaire.

L'article 4 indique que les taxes seront perçues mensuellement par la municipalité et que le public sera tenu de payer la taxe tanzifat.

L'article 5 stipule que des sanctions sont appliquées à ceux qui ne paient pas : par exemple, en vertu de l'article 64 de la loi sur les municipalités, si la personne qui n'a pas payé l'impôt veut transférer sa propriété à quelqu'un d'autre, la municipalité concernée pourra bloquer cette transaction.

La mise en place de cette taxe donna lieu à de nombreuses contestations des commerçants, des artisans ou des hoteliers.

La question de la propreté resta importante à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, surtout pour lutter contre les épidémies. Les inspections et les rapports furent nombreux qui soulignaient les faiblesses des services de nettoyage ou préconisaient des améliorations.

Les autorités municipales devaient faire face à des difficultés économiques auxquelles s’ajoutait l’incompétence. Le budget était insuffisant en regard des besoins croissants de nettoyage de la ville. Les plaintes étaient nombreuses et récurrentes, dans les années 1890, concernant surtout les mauvaises odeurs qui se répandaient dans certains quartiers. Les autorités cherchaient des solutions de traitement rapide comme l’enfouissement sur place des ordures dans des terrains vagues.

Le document : Tanzifat Rüsmuna Mahsus Tezkeredir

Le document de 20 cm x 39 cm, utilisé à partir de 1886, porte l'inscription "Şehremaneti - Tanzifat Rüsmuna Mahsus Tezkeredir", et est imprimé dans des couleurs différentes chaque année, avec la mention de l’année.

Dans la première partie du document, sont mentionnés la municipalité, le quartier, l'avenue et la rue, le numéro de la maison ou du magasin, et dans la deuxième partie, le nom, la classe et le montant mensuel des revenus (?) du propriétaire ou du locataire.

Dans la colonne de droite du document, figurent 12 cases (une pour chaque mois) prévues pour l'apposition des timbres mensuels à partir de mars, le premier mois de l'année ottomane. Le montant des timbres variait en fonction de la classification du ménage ou du magasin.

Ce type de certificat ont été utilisés jusqu'en 1898 (1314 de l’Hégire).

Description du document

Taille : 20 x 39 cm

A gauche

Ligne 1 : Şehremaneti (Municipalité)

Ligne 2 : Tanzifat Rüsmuna Mahsus Tezkeredir (Mémorandums pour l’administration municipale)

Date : 1887-1888

 


De droite à gauche

Daire (municipalité)    Mahale (quartier)   cadde ve sokak (rue)  Numero

Ces renseignements sont complétés de mentions manuscrites.

A droite

Sur la colonne de droite, figurent les mois en commençant par mars (mart)

Timbres

Timbres de 5 et de 10 kuruş, avec la charrette des éboueurs et, à chaque angle, le prix du timbre.

Au  milieu : Tanzifat rüsmuna mahsus makbuz puldur : Timbre de perception de la taxe de nettoyage

Dernière ligne : beş kuruş ou on kuruş pour le timbre rouge (respectivement 5 et 10 kuruş)

 ci-dessus : timbre de 5 kuruş

 ci-dessus : timbre de 10 kuruş


Dans notre document, pour chaque mois, on a collé un timbre d’une valeur de 5 kuruş , ce qui correspond au ménage le plus modeste, sauf pour les mois de juin-juillet pour lesquels un timbre de 10 kuruş a été collé verticalement.

Sources

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