C'est en l'an 1618 de notre ère qu'un enfant de 13 ans est mis sur le trône de la Porte Ottomane, à Constantinople, pour succéder à son oncle Mustafa, qu'après la mort d'Ahmet, on avait tiré de la prison pour le faire régner ; mais ce malheureux frère d'Ahmet était tellement idiot, que les Osmanlis le ramenèrent en prison et lui préférèrent Osman II, son neveu, quoique ce ne fût encore qu'un enfant. Que pouvait faire ce jeune sultan, si ce n'est s'abandonner aux avis et à la direction de son hodja ou précepteur, Omar-Effendi ? Celui- ci, malheureusement pour l'élève, ne sut pas le conduire, ni préserver la cour des effets du système de corruption qui y dominait [...]

Guerre avec la Pologne
Cependant Osman II, ayant la fougue de la jeunesse, brûlait d'envie de se mesurer sur le champ de bataille avec les Polonais, à cause des incursions des Cosaques, alors dépendants de la couronne de la Pologne. En vain les Polonais envoyèrent une ambassade, en vain l'Angleterre offrit sa médiation ; les ambassades ne furent pas reçues à la Porte, et le jeune sultan, étant entré en campagne, en vint aux mains avec les ennemis sur le Dniester, et perdit une grande partie de ses troupes. Les écrivains chrétiens évaluent la perte des Turcs, dans cette guerre, à 80000 hommes. Osman fut obligé de faire la paix avec les Polonais, en se contentant de la promesse du tribut tel qu'ils le payaient auparavant à la Porte. Il rentra pourtant en vainqueur dans sa capitale, mais les janissaires ne lui pardonnèrent pas les revers de la campagne qui avait coûté la vie à un si grand nombre des leurs.
Il déplut aussi aux habitants de Constantinople par son goût pour les excursions nocturnes, sous un déguisement, dans les rues et les tavernes, où il faisait prendre les janissaires et autres musulmans ivres pour les noyer ou les punir d'une autre manière, conformément aux ordres sévères qu'il avait fait promulguer contre l'usage du vin et du tabac ; on attribua à son avidité le renchérissement des vivres ; les ulémas lui reprochèrent des innovations qui, à leur avis, portaient atteinte à l'ancienne foi musulmane; enfin on trouva mauvais qu'il se fût choisi trois femmes parmi les filles de ses sujets ; tandis que, selon la coutume, les sultans ses prédécesseurs se contentaient des femmes prises parmi les esclaves.

Révolte des janissaires et mort du sultan
Enfin il souleva contre lui un mécontentement général par sa résolution de marcher, au printemps suivant, contre les Druses et de préparer, pour cela, des armements très-considérables. En vain le mufti et l'astrologue de la cour firent des représentations au jeune sultan ; celui-ci ayant persisté en dépit de tous ces avis, il y eut une révolte des janissaires qui demandèrent le renvoi du précepteur et la renonciation du sultan à la campagne projetée. Osman accorda le second point et refusa le premier. Dès lors la fureur des janissaires et des spahis n'eut plus de bornes ; les insurgés pénétrèrent dans le sérail, tirèrent Mustafa de sa prison et proclamèrent cet idiot comme sultan. Osman II, pour apaiser la révolte, leur livra le grand vizir et le kizlar-aga ces deux fonctionnaires furent aussitôt taillés en pièces les révoltés délivrèrent aussi les esclaves des galères et pillèrent les maisons de plusieurs fonctionnaires de la cour. Le sultan voulut haranguer les janissaires dans leur caserne ; ils essayèrent de lui jeter le lacet autour du cou. Osman étant fort et énergique, se défendit longtemps,  on se jeta enfin sur lui et on le mena dans le château des Sept-Tours. Là il se défendit de nouveau contre ceux qui voulaient l'étrangler il succomba enfin et fut impitoyablement mis à mort, à l'âge de 18 ans, et seulement quatre ans après avoir été mis sur le trône.
Un historien, M. de Hammer, fait la remarque que, dans son règne si court, Osman n'avait fait travailler qu'à un seul grand ouvrage, à la tour hydraulique, Pyrgos ou Burghas près des sources de l'Hydraulis qu'avait autrefois commencée l'empereur Andronic, dont la mort a été aussi violente que celle d'Osman II. Daoud-pacha beau-frère de Mustafa, qui avait conduit les assassins du sultan, subit, quelque temps après, le même sort, et les janissaires finirent par regretter leur jeune sultan, dont la mémoire resta chère aux Turcs, au point que longtemps après on prononçait encore, dans les prières publiques, des malédictions contre ses assassins. 

extrait de l'Encyclopédie du dix-neuvième siècle : répertoire universel..., 1836-1853. Nous avons modernisé l'orthographe des noms propres et corriger certaines erreurs. 

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OSMAN II [...], empereur des Turcs, fils d'Ahmet Ier, succéda à Mustafa son oncle, qui avait été déposé en 1618, à l'âge de douze ans. (Osman envoya une ambassade à Louis XIII pour réparer l'insulte que Mustafa Ier avait faite au baron de Sancy, ambassadeur de France. Il alla ensuite combattre les Perses, accorda des secours aux Hongrois révoltés contre Ferdinand Ier, et envoya des flottes pour punir les Cosaques, dont les Polonais se déclarèrent les protecteurs. ) Il marcha, en 1621, contre les Polonais, avec une armée formidable; mais, ayant perdu plus de 90 000 hommes et 100 000 chevaux en différents combats, il fut obligé de faire la paix à des conditions désavantageuses. Il attribua ce mauvais succès aux janissaires, et résolut de les casser, pour leur substituer une milice d'Arabes. Cette nouvelle s'étant répandue, ils se soulevèrent, se rendirent au nombre de 30 000 à la place de l'Hippodrome, et renversèrent Osman du trône en 1622. On rétablit Mustafa qui fit étrangler le jeune empereur le lendemain. Il n'y a que trop d'exemples d'un pareil forfait parmi les Turcs. Telle est la destinée de leurs rois : du trône ils passent à l'échafaud ou à la prison. « Pendant que les princes mahométans, dit Montesquieu, donnent sans cesse la mort ou la reçoivent, la religion chez les chrétiens rend les princes moins timides, et par conséquent moins cruels. Le prince compte sur ses sujets, et les sujets sur leur prince. »

Notice extraite de F.X. de Feller, Dictionnaire historique, 1833
Nous avons modifié quelques graphies pour les rendre plus proches des usages modernes et corrigé une erreur. L'auteur attribuait le titre de victorieux (Gazi) qui est en réalité celui du premier Osman.

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