Le premier numéro de Karagöz, magazine humoristique célèbre en Turquie fut publié le 10 août 1908, par Ali Fuat Bey qui est considéré comme le père de la caricature dans ce pays. On est alors en pleine Révolution constitutionnelle, la liberté de la presse est à son apogée en Turquie, la presse humoristique est de nouveau autorisée et de nombreux journaux sont créés. Le premier magazine humoristique avait été « Diyogen » en 1870. Mais, en 1877, ce type de magazine avait été interdit par le sultan qui ne supportait pas la critique.
Numéro publié le 23 avril 1930 : "Aujourd'hui, c'est la fête des enfants !"
Sur le drapeau, le slogan "Hakimiyet milltetindir", "La souveraineté appartient à la nation"
Numéro publié le 3 mai 1933, "Her işin içinde bir parmak var",
"Türkiye Kimseden Korkmaz...", "La Turquie n'a peur de personne..."
Le magazine était, à sa création, composé en caractères arabes. Comme tous les autres, il est ensuite imprimé en caractères latins après la réforme de l'écriture (nove,bre 1928) et s'investit même dans la réforme linguistique turque.
Karagöz paraissait deux fois par semaine, le lundi et le mercredi dans les années 1930.
Son dernier numéro, le numéro 5263, parut le 31 décembre 1968 (https://seyriadem.com/karagoz-gazetesi/).
Le magazine servit, après l’armistice de Moudros en 1918, de relai à la propagande du Parti républicain du peuple (CHP) et permit la diffusion des idées de laïcité, d’émancipation des femmes, d’éducation etc
Sur chaque une, quel que soit le sujet, figuraient les deux fameux personnages du théâtre d’ombres turc, Karagöz et Hacivat. L’intérieur est constitué de textes (dialogues, poèmes etc) avec quelques petites vignettes et quelques rares photos de petit format. Il n’y a pas de caricature en couleurs comme en une.
L’actualité internationale était également omniprésente, en particulier pendant la 2e guerre mondiale, avec beaucoup de caricatures antinazies.
Dans le numéro du 6 mai 1933 que nous présentons ci-dessous, il est question de l’amitié gréco-turque, la Grèce étant représentée par une femme. S’agit-il de préparer l’opinion publique à un traité avec l’ennemi qui a occupé une partie de l’Anatolie pendant le Première guerre mondiale ? Quelques mois plus tard, en septembre 1933, la Grèce et la Turquie signent un traité de non-agression de dix ans.
Nous reproduisons ci-dessous les numéros suivants : 23 avril 1930, 6 mai 1930, 3 mai 1933, 6 mai 1933. Ils ont été envoyés à un abonné du Caire en Egypte et comportent toujours le bandeau d'expédition.
Karagöz, 23 avril 1930
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Karagöz, 10 mai 1930
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Ci-dessus, à droite, Fédération cycliste
Karagöz, 3 mai 1933
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Karagöz, 6 mai 1933
Amitié turco-grecque.
Essai de traduction de la première page
Türk - Yunan Dostluğu Hacıyat – Bu ne dostluk Kârağözüm, Allah arttırsın. Milyonlar Gelecek Milletimizin her yerde şeref ve itibarı vardır! Milletimizin her yerde şeref ve itibarı vardır. İşte tarih meydandadır. Yer yüzünde Türk milleti kadar borcuna sadık bir millet az bulunur. Hiç bir zaman bir Türk borcunu inkâr etmemiş, kimsenin parasının üstüne yatmamıştır. Fakat eski saltanat devirlerinde milleti borçlanıp diranılar o paraları çarçur etmişler, dehdebeye, şatafata vermişler, millet namına alınan bu paralar, Beyoğlu terzileri vasıtası ile gene Avrupanın hazinelerine akmiştır. Aziz devrinin bu sefahat hovarladığı dillerde destandir. Is böyle olmakla beraber Türkün yüksek adi ortaya konulduğu için yapilan bu eski borçları biz gene ödüyoruz. Mertliği, borcuna olan sağlamlıı dünyada ün alan milletimiz bugün her yerden para bulabilecek bir itibardadır. Ismet Paşa hükümeti eski borçların hesabını temizleyip kapadıktan sonra Fransa ile bir istikraz mukavelesine giristi. Bu müzakere ilerledi, hemen olup bitecek Şimdi Fransadan bizim paramızla 50 milyon lira borç alıyoruz. Bunun faizi eski borçların faizine nazaran çok muhayyindir. Bu parayı, uzun vadelerle taksi taksit ödeyeceğiz. Aldığımız para eskisi gibi şatafata değil, tamamen memleketimizin iktisadi işlerine tahsis edilecek. Elde sermaye olduktan sonra güttüğümüz gayeye daha çabuk kavuşacağımıza şüphe yoktur.
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Amitié Turco-Grecque Hacıyat – Quelle amitié, mon cher Karagöz, que Dieu l'accroisse. Karagöz – Hacıvat , on appelle cela le voisin jaloux. Ne vois-tu pas que ceux qui bavent sur les Balkans sont plus nombreux ? Des millions viendront L'honneur et la dignité de notre nation sont partout ! Notre nation a de l'honneur et de la réputation partout. Ici, l'histoire se déroule au grand jour. Il n'y a guère de nation au monde qui honore autant ses dettes que la nation turque. Jamais un Turc n'a nié sa dette et n'a menti sur l'argent de quiconque. Cependant, sous les anciens régimes, ceux qui empruntaient de l'argent à la nation le dilapidaient, le donnaient au génie et à la splendeur, et cet argent, pris au nom de la nation, coulait dans les trésors de l'Europe par l'intermédiaire des tailleurs de Beyoğlu. Cette débauche de l'époque bénie (??) est légendaire. Bien que ce soit le cas, nous payons encore ces vieilles dettes pour sauvegarder la réputation du Turc. Notre nation, qui est réputée dans le monde entier pour sa bravoure et sa solidité à honorer ses dettes, est aujourd'hui en mesure de trouver de l'argent partout. Le gouvernement d'Ismet Pacha, après avoir apuré et réglé les comptes des anciennes dettes, a conclu un traité d'échelonnement avec la France. Cette négociation a progressé et sera conclue immédiatement. Nous empruntons maintenant 50 millions de lires à la France avec notre argent. Les intérêts de ce prêt sont très raisonnables par rapport aux intérêts des anciennes dettes. Nous paierons cet argent par tranches sur une longue période. L'argent que nous avons emprunté ne sera pas utilisé pour le faste comme par le passé, mais sera entièrement affecté aux affaires économiques de notre pays. Il ne fait aucun doute qu'avec un capital en main, nous pourrons atteindre nos objectifs plus rapidement.
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