En juin 1861, Abdülaziz succéda à son frère Abdülmecit Ier. Il continue sa politique de réforme. Dans ce khatt, adressé à son vizir Kıbrıslı Mehmet Emin Paşa (1813-1871), il réaffirme les grands principes de son règne.

[Texte extrait de la Grammaire élémentaire de la langue turque de N. Mallouf, J. Maisonneuve, 1889]

Hatt Impérial promulgué à l'occasion de l'avénement de S.M.I. Abd-Ul-Aziz

Mon illustre Vizir Méhémet-Émin pacha (2), 

Etant monté, selon les décrets éternels du Maître suprême de l'univers, sur le trône impérial de mes glorieux ancêtres, je vous ai confirmé, vu la fidélité et la sagacité dont vous avez donné tant de preuves, au poste élevé du Grand Vizirat, et j'ai confirmé également dans leurs fonctions les autres ministres et fonctionnaires de mon Empire. 

Je tiens à ce que tout le monde sache que Mon plus grand désir est d'accroître, avec l'aide de Dieu, la prospérité de l'État et de faire le bonheur de tous Mes sujets sans distinction, et que j'ai consacré, dans toute leur plénitude, toutes les lois fondamentales qui ont été jusqu'à présent promulguées et établies dans le but d'obtenir cet heureux résultat, et d'assurer à tous les habitants de Mes États la vie, l'honneur et la jouissance de la propriété. 

Notre loi sacrée, qui est la justice même, étant également le pivot de la stabilité et le fondement de la splendeur de Notre Empire, ses préceptes divins nous dirigent dans la voie du salut. Aussi Je veux fermement que l'on ait une très grande attention à tout ce qui regarde son administration. 

Le maintien et l'accroissement de la gloire et du bien-être de tous les États dépendent de l'obéissance de chacun aux lois existantes, et de la vigilance de tous, grands et petits, à ne jamais dépasser la sphère de leurs droits et de leurs devoirs. Que ceux qui suivront cette voie sachent qu'ils seront l'objet de Ma sollicitude Impériale, et que ceux qui s'en écarteront soient certains d'encourir les peines qu'ils auront méritées. 

J'ordonne péremptoirement à tous les ulémas, fonctionnaires et employés dans les différentes branches du service public, de remplir leurs devoirs avec une entière droiture et fidélité. 

C'est par l'assistance divine et par l'union, par les efforts éclairés et la persévérance des hauts Dignitaires et Fonctionnaires que s'accomplissent les grandes œuvres dans les Etats. C'est en nous attachant à cette base immuable, c'est-à-dire, chacun y consacrant ses efforts avec droiture et loyauté, que la régularité et le bon ordre dans l'administration intérieure et financière de Notre Empire atteindront le degré voulu ; de Mon côté j'y vouerai toute Ma sollicitude et une surveillance incessante. 

Les différents ministères et administrations de Mon Empire auront à se conformer strictement aux soins que je consacrerai tout particulièrement à l'objet de mettre bientôt, avec l'aide de la Divine Providence, un terme aux difficultés financières que des causes diverses ont fait surgir depuis quelque temps ; et, pénétré de la conviction que Je n'ai rien personnellement tant à cœur que de rétablir et d'accroître le crédit financier de l'Empire et la prospérité de Mes peuples. Mon Ministère aura à Me soumettre, au fur et à mesure, les projets de lois et d'amélioration propres à établir une parfaite économie dans la perception et dans l'emploi des fonds publics, et à les préserver de toute malversation. 

Mes armées Impériales de terre et de mer sont l'un des soutiens de la grandeur de Mon Empire ; Mon Gouvernement veillera au maintien de leur discipline et à l'augmentation de leur bien-être en tout et partout. 

Les efforts de Mon Gouvernement devront tendre à maintenir et à resserrer de plus en plus les relations amicales qui existent entre l'Empire Ottoman et les puissances amies et alliées. Le plus grand respect sera invariablement apporté aux Traités existants. 

Enfin, que dans toutes les branches de l'administration chacun prenne pour règle de conduite les devoirs sacrés de la loyauté, de la probité, du zèle et de la fidélité à l'Empire. Qu'on sache bien que c'est là la seule voie qui mènera au bonheur et au salut. 

Telles sont Mes fermes Volontés et Mes Ordres. Je tiens à proclamer également que Mon désir pour la prospérité de Mes sujets n'admettra aucune distinction, et que ceux de Mes peuples de différentes religions ou races trouveront en Moi la même justice, la même sollicitude et la même persévérance à assurer leur bonheur. Le développement progressif des riches ressources que Dieu a mises à la disposition de Notre Empire, le vrai progrès du bien-être qui en résultera pour tous sous l'ombre de Ma Puissance Impériale, et l'indépendance de Mon Grand Empire seront l'objet de Mes pensées de tous les instants. 

Que Dieu, le dispensateur suprême des grâces, nous couvre tous de sa puissante protection ! 

Le 23 zil-hidjdjé 1277 (le 1er juillet 1861). 

(1) S M. I. le sultan Abd-ul-Aziz khan, né le 9 février 1830 (15 chaban 1245), est monté sur le trône le 25 juin 1861 (17 zil-hidjdjè 1277). 

(2) Kybrisli-Méhémet pacha. 

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