Une description de Mersin par le voyageur anglais W. J. Childs qui parcourut à pied l'Anatolie de Samsun à Iskenderun juste avant la première guerre mondiale.

Extrait de Childs, W. J, Across Asia Minor on foot, William Blackwood and sons, Edinburgh and London, 1917.

[Nous avons ajouté les intertitres.]

Mersin n'était qu'une plage de sable stérile jusqu'à ce qu'Ibrahim Pacha y reconnut un lieu où il pourrait installer des troupes et des entrepôts. Maintenant, il y a environ 25.000 habitants, et c'est un port de commerce important.

Mersin et le commerce

Non seulement c'est le port de la plaine de Cilicie, mais à cause des Portes de Cilicie, c'est le port d'une vaste région de l'Asie Mineure derrière les montagnes. La plupart des chameaux que j'ai vus traverser les Portes de Cilicie venaient de Tarse et Mersin ; comme les caravanes que j'ai rencontrées près de Kaisariyeh [Kayseri]. Comme le port le plus proche du col, Mersin s'est construite grâce au trafic des caravanes ; ensuite le chemin de fer Adana-Mersin a apporté tout le commerce de la plaine. Et pourtant, l'avenir de Mersin semble très incertain. Elle est nichée dans le coin extrême ouest de la plaine, à près de cinquante miles d'Adana, et est beaucoup trop loin vers l'ouest pour être le principal port du chemin de fer de Bagdad.
Pour les grandes régions que le chemin de fer de Bagdad rendra dépendantes d'un port de Cilicie, Mersin est mal placée. En dépit de ces inconvénients, toutefois, elle pourrait avoir un certain espoir, si elle possédait seulement un beau port naturel. Mais elle n'a pas de port du tout. Il s'agit d'une rade ouverte et protégée, à quatre-vingts miles de Chypre, avec une eau si peu profonde que les steamers doivent mouiller à deux ou trois miles et que les marchandises sont transférées au moyen de petits barques. Le climat de cette côte, cependant, est agréable ; car, avec un climat plus rigoureux, Mersin n'aurait aucune activité maritime.

En dépit de la nudité et la nouveauté du lieu, et malgré, aussi, la forte chaleur et l'insalubrité prétendue, Mersin a un côté agréable pour ceux veulent être séduits. Du moins je le croyais, et lors d'un séjour de cinq semaines dans la plaine de Cilicie, à plusieurs reprises, je me suis retrouvé à Mersin par choix. Là, je découvris un soi-disant hôtel, une simple bâtiment en pierre avec des étages, au service un peu sommaire [...] mais la compagnie y était toujours cosmopolite et intéressante. Et la salle à manger donnait sur la Méditerranée, qui effleurait doucement le mur d'une petite terrasse sur laquelle s'ouvraient les fenêtres de la chambre ; et sur cette terrasse, le soir, on ressentait le romantisme et le charme d'une mer classique et d'une terre orientale, et aussi de la chaleur du sud. [...]

Le marché de Mersin

En observant la place d'un marché, un visiteur peut, je pense, en apprendre davantage sur la ville et sur sa région en moins de temps que par tout autre moyen. Me considérant moi-même comme un spécialiste de telles scènes, je suis donc allé tôt sur la place du marché de Mersin, et je l'ai trouvée intéressante, bien que la ville soit d'origine récente.
Le Proche-Orient est une région où se côtoient de nombreuses races, mais nulle part elles n'apparaissent aussi variées que sur la côte du Levant. Sur cette côte chaude, on peut obtenir son pain quotidien et des olives, des poissons de saison et des fruits, sans effort, tant d'hommes de toutes les races de l'Asie occidentale, de l'Afrique du Nord et du Sud de l'Europe semblent s'agglutiner ici et être chez eux. Ils vivent, ils bougent et exercent leur métier sans avoir le sentiment d'être étrangers, et semblent faire partie de la population.
J'ai vu cette place du marché à Mersin dans la lumière blanche du soleil, pleine d'une foule bigarrée.
Les vendeurs se tenaient debout ou assis à côté de leurs étals, des tas de marchandises étaient étalés sur le sol, et les acheteurs et les flâneurs occupaient tous les espaces. On y voyait Turcs et Arméniens, un Circassien et un Kurde ici et là, mais ils étaient les moins nombreux ;  les plus nombreux étaient des Grecs - du continent et des îles, ces derniers se distinguent par leur pittoresque costume - des Arabes, des Fellaghas, des Syriens, des Crétois, des Algériens, des Noirs, des Afghans, des Hindous, et d'autres difficiles à reconnaître. C'était le "melting-pot" du vrai Levant [...] ; il y avait l'odeur agréable du tabac turc mêlée à l'air chaud de mer [...]

Dans certaines parties de Mersin, on trouve un curieuse ressemblance avec une ville australienne, dûe en partie à la présence d'arbres australiens, mais aussi à l'influence britannique de ceux qui ont construit le chemin de fer dans une ville nouvelle avec de grands espaces, des terres à bon marché et un climat chaud. Approchez de la gare le long de l'allée de jeunes eucalyptus [...] et l'illusion devient presque parfaite.

Traduction/adaptation JMB, 03-2010

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