A 170 km à l’ouest de Samsun, Sinop est une ville agréable qui possède quelques belles plages. Elle bénéficie d’un emplacement exceptionnel et n'a pas été défigurée par une urbanisation effrénée. C'est aussi un lieu chargé d'histoire.
On trouve de très bons restaurants comme le Teyzenin yeri manti salonu uniquement tenu par des femmes et spécialisé dans ces petits raviolis appelés "manti".
Chronologie
- VIIIe siècle : installation des Milésiens à Sinop (sur un site déjà occupé).
- 413 av. J.-C. : naissance de Diogène le cynique
- 135 av. J.-C. : naissance de Mithridate VII, roi du Pont. Ce roi embellit la ville.
- 69 av. J.-C. : prise de la ville par Lucullus
- 63 av. J.-C. : annexion à l”empire romain par Pompée
- Epoque romaine : enrichissement de la ville rebaptisée Colonia Jukia Felix
- 832 : Théophobus, commandant de la garnison se déclare roi et se révolte contre l’empire byzantin
- 1214 : prise de la ville par le sultan seldjoukide Keykavus Izzetin
- 1301 : capitale de l”émirat de Kastamonu. Installation des Génois qui contrôlent le commerce de la mer Noire.
- 1458 : annexion de la ville par Mehmet II
- 30 novembre 1853 : destruction d’une flottille turque et de la ville par les russes qui provoque l’intervention de la France et de l’Angleterre contre la Russie et déclenche la Guerre de Crimée [gravure ci-dessus].
Actuellement c’est l’ancienne prison qui attire le plus de visiteurs. Elle fut construite dans une citadelle seldjoukide et hébergea des prisonniers prestigieux.
Les nombreux admirateurs de la série télévisée turque “Parmakliklar ardinda” (Dans la prison) visitent les bâtiments qui servent de décor au feuilleton et se font photographier devant le dortoir ou dans la cour. Ce feuilleton qui montre la vie des femmes dans une prison est programmé depuis 2007 sur la chaîne ATV.
Fragment de sculpture dans la muraille
Hormis la prison, les parties les plus singulières de la citadelle sont les murailles composées d”éléments disparates : fûts et chapiteaux de colonnes, pierres de diverses origines et de toutes les tailles et même parfois des bas-reliefs dont on peut difficilement déterminer l’origine, briques. Le tout forme un véritable patchwork minéral d’où émergent des fragments d’histoire de la ville.
La citadelle / prison
Les murailles de Sinop furent construites par les seldjoukides après la prise de la ville en 1214.
Inscription en caractères arabes dans l'un des murs
La prison fut installée dans la citadelle qui date de 1515. La citadelle était protégée par 11 tours dont la tour sud a une hauteur de 22 mètres. Les murs sont hauts de 18 mètres et épais de 3 mètres. La citadelle est divisée en deux parties par un mur est-ouest. La prison fut construite dans la partie sud par le gouverneur Veysel Paşa en 1882. Elle est en pierres de taille.
Au Nord, un bâtiment pour délinquants juvéniles fut ajouté en 1939.
A la suite d’une révolte de prisonniers en 1979, le bâtiment principal de la prison fut endommagé par un incendie.
Des personnages célèbres furent emprisonnés ici ; Refik Halit Karay (écrivain), Mustafa Suphi (leader communiste, 1883-1921), Ahmet Bedevi Kuran (écrivain et homme politique, 1884-1966), Zekeriya Sertel (journaliste et écrivain, 1890-1980, avait fait des études et vécut un peu à Paris)...
Photos
Le donjon
Après la prise de la ville, le sultan seldjoukide Keykavus Izzetin fait construire un nouveau mur du Nord et un mur intérieur. Il ajouta aussi cinq bastions sur ce mur et leur donna le nom de ses commandants. Leur hauteur est de 22 mètres environ. Le donjon fut utilisé comme prison après 1568. A cette époque, il y avait de nombreuses révoltes dans l’empire ottoman et les prisonniers y étaient enfermés.
L'historien et voyageur Evliya Celebi, qui écrit sur cette prison en 1640, affirme que les gardiens empêchaient même les oiseaux de s’approcher.
Au XXe siècle, des assassins y furent emprisonnés à vie. Plus tard, dans la 2ème moitié du XXe siècle, est introduite la réinsertion par le travail et le donjon ne servit plus de prison.
La prison fut donnée au ministère de la Culture en 1996 et ouverte au public en 2000.
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