Ürgüp est une des villes les plus importantes de Cappadoce. Elle est peuplée de 39000 habitants en 2025. C’est un point de départ pour le tourisme de cette région.
Le tourisme local a été renforcé par le tournage du très populaire feuilleton turc “Asmalı Konak “ de 2002 à 2004, du nom du konak que l’on peut voir dans les photographies ci-dessous. Les touristes turcs commencèrent alors à affluer dans la ville jusqu’alors fréquentée surtout par les touristes européens.
Le nom grec d’Ürgüp est la déformation du grec Prokopi (Προκόπιο). On trouve aussi Ourgoub au XVIIIe et au début du XIXe siècle.
Sur une carte du xviie siècle, on trouve la dénomination Yurcoup (Carte des pays du Levant parcourus par Mr. Paul Lucas dressée sur ses mémoires et sur quelques autres, par G. de l'Isle,... Delisle, Guillaume (1675-1726), 1724, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8592789k/f1.item.r=carte%20anatolie.zoom)
Sur une autre carte, le nom est orthographié Ürgüb (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53081405s/f1.item.r=carte%20anatolie.zoom).
L’occupation d’Ürgüp est très ancienne et remonte probablement aux Hittites. On a peu de témoignages des voyageurs occidentaux qui ne furent pas nombreux à visiter la région. Mais ceux qui le firent furent évidemment étonnés par le paysage exceptionnel de cette région, comme en témoignent les textes que nous reproduisons ci-dessous.
Au XXe siècle, la Cappadoce et Ürgüp sont bien mieux connus et le tourisme européen et surtout français, et culturel se développe à partir des années 1960. Les églises de Cappadoce et les cheminées des fées attirent les foules. Les maisons anciennes de la ville sont restaurées et souvent transformées en pensions, hôtels, galeries, cafés ou restaurants.
Les photographies datent de mai 2024.
Localisation : https://www.openstreetmap.org/?#map=13/38.63920/34.90253
Une métaphore de l'Ürgüp moderne...
Vues sur la ville moderne
Temenni Tepesi
On peut accéder au sommet d'où l'on a un beau point de vue.
Ahmet Refik Caddesi, Suleyman Efendi sokağı
Ces rues montent et mènent au célèbre Asmali Konak et sont bordées de belles maisons restaurées. On a également une vue sur la vallée.
Les poteries artisanales sont aussi une tradition d'Ürgüp.
Galerie Yunak
Témoignages anciens
Voir aussi la géographie de Reclus https://www.turquie-culture.fr/pages/geographie/reclus-e-turquie-d-asie-iv-asie-mineure-7-villes.html
Notice d’un voyage dans l’Asie mineure fait en 1837 par W. Hamilton publié dans les Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l'histoire ou recueil des relations originales inédites, Challamel aîné, 1839
18 Juillet. Je partis de Nembchehr [Nevsehir] (1), et traversai Outch-hisar [Uçhisar] (2) et Ourgoub [Ürgüp] (3); près de ces deux endroits je fus très-frappé de la vue des collines coniques et aiguës, dont la hauteur varie de 100 à 300 pieds; elles sont tellement rapprochées l'une de l'autre, qu'on pourrait dire qu'elles remplissent la vallée (4). La plupart sont creusées en anciens tombeaux grecs, ou en chapelles de la première époque byzantine, et beaucoup servent de demeure et de colombiers. Plusieurs villages sont bâtis parmi ces buttes. Le seul arbre qui croisse sur ce sol de pierre ponce est l'abricotier, qui paraît être indigène et y abonde; quelques variétés de ces abricots, quoique petits, ont une saveur exquise.
Au-delà d'Ourgoub je montai pendant plusieurs milles, presqu'à l'est, un ravin profond et étroit qui est arrosé par un ruisseau; des jardins bien cultivés et des vergers s'étendaient des deux côtés sur les hauteurs jusqu'au point où les habitants peuvent porter l'eau, point qui partout dans cette partie de l'Asie mineure, marque la limite de la culture.
(1) Nemb ou Neb-Chehr, qui est une corruption de Neou, ou Naou-Chehr (nouvelle ville).
(2) Outch-hisar (trois châteaux).
(3) Ourgoub, Djihan-Nouma, p. 617.
(4) La description que Paul Lucas a faite de ces buttes coniques n'est nullement exagérée.
Ce fut dans son second voyage (1705 à 1708), publié à Paris, 1712, en 2 vol. in-12, que Paul Lucas vit ces buttes pyramidales dont parle M. Hamilton. Le voyageur français, p. 160, en donne la description, accompagnée d'une planche assez grossièrement dessinée comme toutes celles de son livre.
Paul Lucas avait découvert ces pyramides en allant d'Angora à Kaïsarieh. Cette route a été peu fréquentée, il fut donc le premier qui fit mention de ces singuliers objets. Busching qui, en 1769, mit au jour le premier et seul volume de la géographie de l'Asie, cite, p. 80, ces pyramides, et dit qu'à l'exception de Paul Lucas, aucun voyageur ne les a mentionnées; mais il se trompe en ajoutant que Paul Lucas a confirmé dans sa seconde relation, ce qu'il avait raconté de ces buttes dans la première; il n'en est nullement question dans celle-ci; puisque le voyageur ne passa ni par Angora, ni par Kaïsarieh.
M. C. Callier et M. Texier ont de nos jours revu les singuliers monticules du pays compris entre Ourgoub et Outch Hisar, et ont constaté sur ce point la véracité de Paul Lucas, homme très-ignorant, mais beaucoup trop décrié. Enfin M. W. J. Hamilton vient joindre son témoignage à celui de nos deux compatriotes en faveur du pauvre Normand accusé trop légèrement de mensonge.
M. Leake a tracé sur la carte de l'Asie mineure la route de Paul Lucas et placé près d'Ourgoub, au sud du Kisil Ermak, une indication des pyramides volcaniques; mais comme il ne parle que des lieux qu'il a vus, il ne s'occupe pas de ces buttes curieuses et n'en traite pas non plus dans les notes de son savant ouvrage, elles sont spécialement consacrées à l'explication de la géographie ancienne.
Reichard, dans sa carte intitulée : Asia Minor, Syria, Mesopotamia, Assyria, Armenia, fait mention de Paul Lucas et indique, au sud de la rive gauche de l'Halys, les buttes volcaniques vues par le voyageur. Il lui rapporte l'honneur de leur découverte; les signes qui les distinguent sont accompagnés de ces mots : 20,000 pyramides a P. Luca repertæ.
Domeny de Rienzi, Dictionnaire usuel et scientifique de géographie, 2e édition, Paris, Langlois et Leclercq, 1841
URGUB ou mieux OURGOUB, territ.[oire] de l'anc.[ienne] Cappadoce (Turkie asiat.[ique]). Il y a 100 ans qu'un voyageur français, Paul Lucas, visita le territ.[oire] de ce nom. La relation qu'il donna de cette contrée parut si extraordinaire, qu'on n'hésita pas à la regarder comme fabuleuse. Cependant le patient voyageur avait dit la vérité; les vallées d'Ourgoub existent encore telles que Lucas les a vues, et offrent sans aucun doute le phénomène naturel le plus curieux de l'Asie-Mineure. Voici ce qu'en dit un voyageur moderne, M. Texier:
« Nous mêmes six heures à franchir la distance qui sépare Ingé-Sou des vallées d'Ourgoub; nous marchions constamment au milieu d'une plaine légèrement accidentée, que forme un vaste plateau. Arrivés à l'extrémité de ce plateau, nous nous trouvâmes dominer une longue vallée, dirigée du N. au S., et au fond de laquelle est située la ville d'Ourgoub. Il n'est pas probable que l'origine de cette ville remonte au delà de l'époque du moyen-âge. Ses premiers habitants paraissent avoir été des nomades, qui fixèrent leur domicile dans les nombreuses chambres sépulcrales taillées dans la vallée, car chacune des maisons d'Ourgoub a été jadis un tombeau; on s'est contenté d'élargir les portes et de construire une façade. Les maisons sont superposées les unes aux autres, et on y arrive par des sentiers tortueux, et bien souvent la terrasse d'une maison sert de cour à la maison supérieure. La ville commande l'entrée de la vallée, qui fut pour Lucas l'objet d'un grand étonnement. Ces cones, agglomération volcanique, composés de pierre-ponce, et décomposés en cônes par l'action de l'eau, sont blancs comme la neige; on en voit une foule, et quelques-uns ont 100 pieds de haut. Ce terrain, étant facile à travailler et en même temps parfaitement sec, chaque cône fut converti en tombeau; des milliers de chambres sépulcrales furent creusées dans cette vallée, et longtemps après l'établissement du christianisme, on y déposait des corps et l'on y pratiquant des cérémonies religieuses; de nombreuses chapelles furent creusées dans le roc, elles furent enrichies de peintures qui subsistent encore presque complétement ; il n'y manque que ce qui fut détruit par les nomades. La vallée des cônes s'étend depuis la ville d'Ourgoub, au milieu de laquelle ils commencent à poindre, jusqu'au village de Touzesar, distant de 7 heures. Elle contient les districts de Marichanne et de Kenremi, dans lesquels les tombeaux ornés de peintures sont nombreux et bien conservés. Au delà de cette vallée, le terrain devient uni et s'étend presque sans ondulations jusqu'à la ville de Nemecheher, où l'on commence à retrouver les laves de fusion qui apparaissent si fréquemment dans la province.» Ourgoub est à env.[iron] 10 1.[ieues] de Césarée.
Asmalı konak
Le feuilleton Asmalı Konak fut tourné dans cette maison. Le succès est tel que la municipalité a érigé un monument pour célébrer ce tournage. Le feuilleton raconte une histoire d'amour entre Seymen, l'héritier d'une riche famille de Cappadoce et Bahar, fille dune famille de fonctionnaires turcs.
Un monument célèbre le tournage du feuilleton.
Cars de tourisme
Un hôtel en partie troglodyte
Poteries et souvenirs dont les célèbre montgolfières qui survolent la Cappadoce.
Le Born Hotel construit dans le style des maisons grecques en 1898. Le konak servait de résidence à Naïm Efendi, l'un des célèbres pachas de la période ottomane. Il passa aux mains de la dynastie Galipoğulları à partir de la période républicaine et abrite depuis 25 ans un hôtel.
Cheikh ül-Islam Mustafa Hayri Efendi (1867-1922)
Cheikh ül-Islam Mustafa Hayri Efendi (1867-1922) (d’après le carrousel du tombeau)
Homme religieux et homme politique de l'Empire ottoman. Il fut cheikh ül-Islam (Şeyhülislam, chef religieux des musulmans de Turquie) de l'Empire ottoman de 1914 à 1916. Fils d'Abdullah Avni Efendi, juge et directeur des fondations de la province de Tripoli. Après l'école primaire, Hayri Efendi se rendit à Istanbul et poursuivit ses études à la madrasa Fatih Başkurşunlu en 1883.
En 1889, il retourna à Ürgüp puis s’installa à Kayseri où il poursuivit ses études à la madrasa Yağmurlu. Puis, il retourna à la madrasa Başkurşunlu à Istanbul. Il y resta 8 ans après ses études à la madrasa et obtint son diplôme de droit. Son premier poste de fonctionnaire fut à Bursa. Il fut affecté au palais de justice et travailla à Maraş, Lattaquié et Tripoli. Après le retour à la Constitution, il fut élu député de Niğde à l'Assemblée nationale ottomane (Meclis-i Mebusan).
Il fut nommé secrétaire d'État par intérim au ministère de l'Intérieur, au ministère des Forêts et au ministère des Mines. Puis, il fut nommé ministre de la Justice et des Fondations, ministre de l'Éducation de l'Empire ottoman et chef du conseil de gouvernement. En 1914, il fut nommé cheik ul-Islam.
Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, c’est lui qui prononça la « Fetva » invitant à combattre la Triple Entente (France, Angleterre, Russie). Il fut exilé à Malte après l'invasion d'Istanbul par les alliés.
Comme il était malade, il fut libéré et s’installa en Roumanie, puis en Anatolie.
À Ankara, il rencontre Mustafa Kemal dont il ne put accepter l’offre en raison de son état de santé et retourna à Ürgüp le 8 août 1922, où il décéda.
Il est le père de Suat Hayri Ürgüplü, qui fut Premier ministre de Turquie en 1965, et du Dr. Muniğ Hayri Ürgüplü, avocat et député à l'Assemblée nationale turque. Son magnifique tombeau, en marbre veiné et translucide, se trouve dans la cour de la mosquée Karamanoğlu. Les deux poèmes sur le tombeau ont été écrits par Mithat Cemal Kuntay, ami de Mustafa Hayri Efendi.