L'antique et prospère cité d'Olba (Diocesarea forme, à l'époque romaine, une partie de cette ville), dont le site se trouve près du village d'Uzuncaburç, près de Silfke, fut gouvernée par une dynastie de prêtres, les Teucrides aux II-IIIe siècles avant J.-C.
A 1200 mètres d'altitude, subsistent le théâtre, le beau portique, le temple de Tychè (la Fortune), la porte nord de la ville, les colonnes du temple de Zeus (IIIe siècle av. J.-C) qui était très renommé dans l'Antiquité et qui est assez bien conservé.
Un peu à l'écart du site, se trouve une haute tour construite au IIIe ou IIe siècle av. J. C. et qui appartenait à l'enceinte. De nouvelles fouilles ont lieu sur ce site important.
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Extrait de Strabon, Géographie, traduction par Amédée Tardieu, Hachette, 1880, livre XIV
"En remontant encore plus haut vers l'intérieur, on rencontrerait, dans le canton montagneux situé juste au-dessus et de Quinda et de Soli, la ville d'Olba, si célèbre par son temple de Jupiter, lequel passe pour un monument de la piété d'Ajax, fils de Teucer. Le grand prêtre du temple d'Olba était aussi dynaste ou souverain de la Trachéotide, mais à plusieurs reprises des tyrans ou usurpateurs mirent la main sur cette province, puis ce fut au tour des pirates de s'en emparer. De nos jours, une fois la destruction des pirates consommée, cette petite principauté sacerdotale reparut et reçut le nom de royaume de Teucer parce que les grands prêtres qui s'y étaient succédé avaient presque invariablement porté le nom de Teucer ou d'Ajax. A la suite du mariage qui l'avait fait entrer dans cette maison, Aba, fille de Zénophane, l'un des tyrans de la Trachéotide, se souvint du moyen employé par son père pour usurper le pouvoir, et, invoquant ses droits de tutrice, accapara toute l'autorité. Plus tard même, ayant circonvenu Antoine et Cléopâtre par ses caresses et ses soins de toute sorte, elle sut tirer d'eux une donation en règle, mais elle fut renversée elle aussi, et le pouvoir fit retour aux héritiers
légitimes."
Aperçu historique
La cité antique de Diocésarée était le siège et la capitale de la dynastie sacerdotale des Teucrides, qui domina la région durant la période hellénistique (IIIe-Ier siècles av. J.-C.). Ils régnèrent sur une vaste région englobant la zone comprise entre Kalykadnus (rivière Göksu) et Lamos (rivière Limonlu) (région d'Erdemli et de Silifke), en tant qu'État-temple entre le IIIe et le Ier siècle av. J.-C.
Cette zone, supposée avoir abrité un important centre de culte dédié au dieu louvite de l'orage Tarhu(nt), devait être le lieu du culte de Zeus, associé à la divinité locale. Outre le sanctuaire et le temple de Zeus Olbios, la tour résidentielle et défensive de cinq étages (Uzuncaburç), mesurant environ 20 x 40 mètres et abritant la plus grande surface habitable d'Anatolie, ainsi que le monument funéraire pyramidal de 15 mètres de haut, se dressaient également dans cette zone à l'époque hellénistique.
La ville s'est développée autour du temple de Zeus Olbios et a acquis son caractère monumental à l'époque impériale romaine (Ier siècle apr. J.-C.). Sous le règne de l'empereur Vespasien, la ville a commencé à frapper sa propre monnaie sous le nom de Diocésarée. Après cette période, des structures monumentales ont été ajoutées à la ville, notamment la rue à colonnades et le Propylon (porte monumentale), le temple de Tyché, le nymphée (fontaine monumentale), le temple à podium, la porte nord et le gymnase. De plus, une vaste nécropole (cimetière antique) se trouve dans la vallée au nord.
Le nom de Diocésarée fut utilisé tout au long de la période romaine. On sait qu'avant les périodes hellénistique et romaine, elle s'appelait Prakana (ville fortifiée) en louvite. Aujourd'hui, la cité antique est étroitement liée à la ville moderne. La tour hellénistique (Uzuncaburç) a donné son nom à la ville actuelle. Une grande partie des terres est cultivée en vignes. [Informations extraites des panneaux installés sur le site]
Vue vers l'entrée, 2023
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Tombeau-temple avant Uzuncaburç
Des tombeaux-temples se trouvent à Demircili (Imbriogon) sur la route de SIlifke à Uzuncaburç.
Photos de 2008
Entrée du site d'Uzuncaburç
Un nouveau bâtiment pour l'administration du site, 2023
Une fontaine à l'entrée du site, 2023
Maison en pierre, 2023
Maison en pierre, 2023
Portique à l'entrée du site
Il y a deux rues perpendiculaires à colonnades qui, selon un plan défini, relient d'importants bâtiments publics. La rue principale, orientée est-ouest, relie le Nymphaion et les Propylées au temple de Tyché, situé à l'ouest. Toutes les colonnes de cette rue datant du Ier siècle apr. J.-C. sont en ruine.
Les 5 colonnes dressées à 45 m à l'est du mur du téménos du temple de Zeus Olbios appartiennent au propylée qui constitue l'entrée du téménos de la cité antique. Ce propylée, en calcaire local, a été construit en plaçant 6 colonnes corinthiennes sur 2 rangées parallèles. La hauteur des colonnes est de 7,10 mètres. La distance entre les colonnes dans le même axe est de 3 mètres ; la distance entre les colonnes parallèles est de 4,20 mètres. La partie supérieure du passage au centre du bâtiment était voûtée. L'autre superstructure a été construite avec des blocs plats. Les chapiteaux des colonnes du propylée sont toutes décorées différemment. Le bloc de frise a un profil en « S ». Le bâtiment date de la fin du IIe siècle après J.-C. et du début du IIIe siècle. [Texte repris des panneaux installé sur le site]
Photographie de 2023
Photographie de 2017
Fragment avec inscription, 2023
Fragment avec buste, 2023
Fragment, 2023
Inscription en Grec, 2018
Fragment, 2018
Inscription en Grec, 2018
Nymphée, 2023
Le système d'approvisionnement en eau de Diocésarée est l'un des réseaux d'approvisionnement en eau les plus importants du territoire d'Olbia. Le réseau commence à Aksıfat, dans la rivière Lamas.
Il se compose de galeries creusées dans la roche, de canaux ouverts construits en maçonnerie et de tunnels souterrains (specus) s'étendant sur 32 km d'Aksıfat jusqu'à Diocésarée. Il se termine par le bâtiment du Nymphée, une fontaine publique, situé au centre-ville, qui est l'un des bâtiments monumentaux les plus importants de la ville. Il s'agit d'un bâtiment de deux étages avec un bassin semi-circulaire à l'avant et qui reflète les aspects architecturaux de la période impériale romaine. Il mesurait 12,75 m de large et 4,20 m de haut. Il y a cinq niches au-dessus du bassin. Deux de ces niches et l'eau qui coule à travers les parois latérales du bassin sont visibles. Des pièces latérales sont situées à l'est et à l'ouest de la fontaine. Elles ont peut-être servi de boutiques ou de tavernes Plusieurs petits autels sont gravés autour de la fontaine, ce qui suggère la présence possible de statues à l'intérieur. L'édifice est construit en deux phases : la première remonte au début de la période impériale (Ier-IIe siècle après J.-C.), la seconde, sous la dynastie des Antonins, à la seconde moitié du IIe siècle après J.-C. La fontaine a connu différentes phases de construction. On suppose donc qu'elle a été utilisée jusqu'au Ve siècle après J.-C. [Texte extrait du panneau sur le site]
Nymphée en 2017
Temple de Zeus Olbios
Une ville s'est développée autour du temple de Zeus Olbios et co-existait avec la cité d'Olba qui se trouvait à proximité.
Temple de Zeus, 2017
Temple de ZEus, 2011
Le temple de Zeus Olbios, situé au sud de la rue à colonnades, date de la période hellénistique (IIIe siècle avant J.-C.) et constitue un édifice important de l'architecture anatolienne antique. Il est entouré d'un large mur de téménos (sanctuaire). Une inscription retrouvée à l'ouest de ce mur indique que le portique du temple a été réparé par Séleucos Ier Nicator (fin du IIIe siècle av. J.-C.). Les fondations du temple sont partiellement visibles. Le temple mesure 39,70 m sur 21,20 m et présente un plan périptère (entouré d'une rangée de colonnes). Quatre des colonnes, dont 30 subsistent aujourd'hui, ont un diamètre de 1,55 m. Elles sont ornées de chapiteaux corinthiens. Les colonnes mesurent 9,80 m de haut.
Le temple fut transformé en basilique à la fin de l'Antiquité (Ve siècle apr. J.-C.). Le toit à deux versants en bois et l'abside orientale furent construits à cette époque. Des colonnes furent placées entre les portes et les murs, et le sol fut pavé de mosaïques, dont certaines subsistent encore aujourd'hui. [Texte extrait du panneau sur le site]
Temple de Zeus, 2018 : colonnes et chapiteaux du temple
Williams, Caroline. “The Corinthian Temple of Zeus Olbios at Uzuncaburç: A Reconsideration of the Date.” American Journal of Archaeology, vol. 78, no. 4, 1974, pp. 405–414. JSTOR, JSTOR, www.jstor.org/stable/502754.
Sarcophages près du temple, 2017
On sait que dans l'Antiquité romaine, la production de sarcophages est organisée en ateliers. Il en existe principalement trois : à Rome, à Athènes, et en Asie mineure, en Phrygie, à Dokimaion [aujourd'hui Iscehisar].
Les sarcophages d'Asie mineure, comme ceux d'Athènes, sont sculptés sur quatre faces et dès l'époque flavienne [69-96 après J. C. ] ornés de lourdes guirlandes accrochées à des têtes de boeuf. Les sarcophages, d'abord bas et allongés, deviennent au quatrième siècle, des monuments très hauts.
Sarcophage, 2011
Fragments sculptés près du temple
Fragment sculpté, 2011
Fragment sculpté, 2011
Photographies de 2008
Rue vers le temple de Tychè
Fût de colonne en marbre, 2011
Chapiteau, 2011
Fragment, 2017
Fragment, 2017
Fragments de colonnes
Temple de Tychè, 2017-2018
Le temple de Tyché, situé au bout de la rue à colonnades, date de la seconde moitié du Ier siècle après J.-C. Le temple a été construit sur un stylobate mesurant 47 x 12 m. À l'ouest, il y a un naos de 10 m de large et 10 m de long. Le niveau du stylobate à l'est est accessible par un escalier. Les blocs d'architrave sont soutenus par des colonnes monolithiques de 6 m de haut. Aujourd'hui, cinq de ces colonnes ont survécu. On l'appelle pro-stylos uniquement parce qu'il y a 6 colonnes dans la direction de l'entrée. Une inscription situé sur un bloc d'architrave indique que le bâtiment a été construit comme un don à la ville par Oppius et sa femme Kyria :
« Oppios (Uppius), fils d'Obramos et de Kyria, la femme d'Oppios, la fille de Léonidos, a dédié le temple de Tyché à la ville (pour la ville). »
On voit un fragment de l'inscription
Porte nord de la ville, 2018 et 2023
La porte monumentale, assez bien conservée,se trouve au bout de la rue à colonnades nord-sud, du côté ouest du temple de Zeus Olbios. Située au nord-est de la ville, cette porte monumentale mesure plus de 30 mètres de long. Deux types de calcaire différents, composés de blocs de pierre isodomiques, ont été utilisés pour sa construction. Le passage central mesure 6,52 m de large et 10,78 m de haut. Les passages font 3,47 m de large et 6,28 m de haut. On observe de légères différences dans la décoration du bâtiment sur les façades nord et sud. Sur les deux façades, quatre enduits ont été réalisés avec le mur. Deux consoles, de chaque côté du passage central, accueillent des sculptures.
La constructiont date de la fin du IIe siècle après J.-C. et du début du IIIe siècle. Elle a été rénovée après un tremblement de terre par les empereurs romains Arcadius (395-408) et Honorius (395-423) pendant leur co-règne, selon l'inscription qui s'y trouve. [texte repris des panneaux]
En 2023, apparition d'un panneau bloquant l'entrée, et d'un panneau selfie, le site de la porte a été nettoyé.
Porte nord, 2017
Uzuncaburç, détail, porte Nord, 2017
Porte Nord, 2017
Colonnade, temple de Tychè et porte nord de la ville, 2008
La tour hellénistique
Elle a donné le nom turc du village ("burç" signifie "tour"). La tour de défense comportait 5 étages de 22 mètres de hauteur avec une base de 12 x 16 mètres. En cas d'attaque, elle pouvait servir de refuge pour les habitants.
Ci-dessus, la tour en cours de restauration et consolidation.
Ci-dessous, des photographies prises en 2008 qui montre l'instabilité de certaines pierres.
Uzuncaburç en 2011
Uzuncaburç en 2012
Uzuncaburç en 2017
Fouilles dans le théâtre en 2017
Des fouilles sont en cours dans le théâtre. Des artefacts ont été découverts.
Voir aussi cette page : Uzuncaburç, le théâtre romain
Sur le théâtre, on peut lire de compte-rendu de l'ouvrage Marcello Spanu, The Theatre of Diokaisareia. Diokaisareia in Kilikien: ergebnisse des Surveys 2001-2006, Bd 2. Berlin; Boston: De Gruyter, 2011. Pp. x, 134; 58 p. de planches. ISBN 9783110222210 : http://bmcr.brynmawr.edu/2012/2012-09-59.html